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Canabal | Cardoso | Carillo | Caron | Cartier | Casta | Célérier | Chadoin | Chappe | Charles | Cherak | Chevalier | Chevillot | Ciarini | Cihuelo | Cirelli | Cognie | Contrepois | Corsani | Corteel | Coscia | Costa Resende | Creusat | Cultiaux |
Canabal Beatriz | Atelier 8, Session A
Emploi informel chez les femmes autochtones dans le port touristique d’Acapulco
La présente communication veut montrer les formes de travail et les conditions de travail des femmes indigènes de l’état de Guerrero, (nahuas, mixtèque, tlapanèques et amuzgas). C’est une population paysanne qui migre de la région de la Montaña de Guerrero vers le port d’Acapulco, à la recherche d’emploi, de revenu et d’un plus grand et meilleur accès à l’éducation, aux services de santé et a une maison digne. Cette région a été caractérisée par sa diversité culturelle et linguistique, mais aussi pour être la région avec les taux les plus élevés de marginalité dans le Mexique, Elles habitent autour de ce port touristique et elles travaillent aux hôtels, restaurants, les maisons et les plages.
C’est une population autochtone qui ne dispose pas d’une éducation formelle et qui n’est pas qualifiées pour travailler dans la ville ou dans le tourisme. Ces femmes travaillent dans le service domestique dans les maisons, les hôtels et les restaurants ou bien elles vendent de la nourriture et de l’artisanat dans les rues. Elles offrent d’autres services sur la plage (tresser les cheveux, mettre des tatouages, faire de massages)
Elles font face de mauvais traitements : discrimination ethnique et discrimination féminine. Sa condition en tant que femme indigène l’a déterminée á avoir un emploi occasionnel sans avantages sociaux dans les rues, sur les plages et même dans les sociétés de grand tourisme.
Malgré sa situation, ces femmes se sont organisées en tant que marchands, indigènes, femmes et habitants des colonies indigènes. Elles luttent pour la reconnaissance de leurs droits comme travailleurs et indigènes dans le port d’Acapulco.
Cardoso Luis Antonio| Atelier 6, Session D
Financialisation of Labour and Lean Production in Brazil’s Primary Industries
Les changements récentes aux formes hégémoniques de l’organisation dans les industries du pétrole et des biocarburants du Brésil, souvent désignés comme postfordistes ou du type « lean », ont été fondés sur les discours simplistes concernant à la croissance de la flexibilité du travail, la dégradation et l’insécurité dans la mondialisation. D’après nos travaux de recherche menés avec les travailleurs saisonniers et salariés, leurs syndicats et patrons, nous avons constaté comment la compétition intensifiée qui marque l’accès aux marchés internationaux de plus haut niveaux a des implications paradoxales pour les processus de travail au long de ces réseaux de productivité mondialisées. Un niveau sans précédent de l’externalisation du travail depuis les années 1980 jusqu’à la fin du siècle a joué un rôle fondamental dans la réduction de la sécurité et de la résistance du travailleur ; Néanmoins, une série d’accidents du travail, des décès et des comparaisons avec le travail des esclaves assis inconfortablement avec la perforation de ces secteurs primaires par la finance internationale. Exigences internationales de l’environnement et du travail liés aux exportations et à l’attrait des normes de qualité ISO ont apporté des pressions concurrentielles supplémentaires sur les structures de la gouvernance d’entreprise des firmes multinationales (par exemple Petrobras, Cosan/Shell, Odebrecht) qui l’impact le processus de travail bien que certains secteurs sélectifs de la production. Nous considérons que ces facteurs, conjointement avec la demande par des ouvriers bien spécialisés, qualifiés, et donc, moins facilement remplaçables dans les usines modernes, la protection des secrets de fabrication et la loi brésilienne qui interdit la sous-traitance des activités principales de l’entreprise, illustrent le potentiel « strengthening through industrialisation » des conditions de l’ouvrier et de l’agence (Beverly Silver, 2007). À l’inversement, cependant, nous trouvons que les progrès assez proclamés dans les normes du travail sous les systèmes maigres du paradigme de la « qualité totale » ont signifié : I) exclusion à grande échelle de travailleurs non qualifiés plutôt que de la réforme du travail ; II) intensification du travail dans les cycles de production 24/24, et de ; III) l’émergence de nouveaux arrangements précaires au long de la chaîne de production qui créent, sans doute, les conditions de travail les plus dangereuses du pays. Finalement, nous concluons en examinant les défis particuliers à des organisations des travailleurs dans ce « moment » de la production primaire au Brésil.
Belmont Edgar, Gonzalez Maria, Carillo Marco | Atelier 8, Session B
Ajustements structurels, réponses locales : La réorganisation du secteur électrique au Mexique et la déstructuration du monde des électriciens
En octobre 2009, le gouvernement mexicain a fermé l´une des deux entreprises publiques d´énergie électrique : Luz y Fuerza del Centro, en licenciant un peu plus de 44 mille salariés. En invoquant avec insistance une comparaison des résultats financiers et les impératifs de la compétitivité, ainsi que les prérogatives des salariés et la qualité du service, le gouvernement avait employé un discours technique afin de neutraliser le débat sur les conditions de production du service et de négliger la résistance des salariés qui n´ont pas accepté l’indemnité de licenciement (actuellement, un peu plus de 16 mille personnes continuent « la résistance »). L´objectif de cette communication est de montrer les frontières créées par la réorganisation du secteur électrique et la déstructuration du monde des électriciens. Dans ce but, nous avons observé d´une part la multiplication des entreprises sous-traitantes qui interviennent dans les activités liées à la distribution d´énergie, et d´autre part la mise en jeu des repères avec la perte de l´emploi. Au-delà du sentiment d´injustice, le licenciement est vécu comme une rupture dans la trajectoire individuelle et collective qui place les individus dans des injonctions et des paradoxes contemporains. En ce sens, c´est bien dans ces frontières que vont se créer des conflits entre travailleurs en résistance et travailleurs sous-traités ; que le champ d´action du syndicat des électriciens (SME) et l´adhésion au collectif vont être mis à l´épreuve ; que le passage d´une ressource salariale vers une ressource de subsistance recompose les dynamiques familiales et que la rupture avec l´emploi stable et protégé et la reconversion productive forcée recomposent non seulement les trajectoires individuelles, mais aussi l´espace social dans des communautés comme Necaxa (Puebla), où la mémoire collective et l’avenir même de la communauté vont être remis en question avec la fermeture de l´entreprise.
Caron Cécile, Durand-Daubin Mathieu | Atelier 2, Session B
Dispositifs de solidarité énergétique : l’approche morale de la pauvreté des professionnels de proximité
Parce que l’électricité est assimilée à un bien de première nécessité , les personnes disposant de faibles ressources peuvent bénéficier d’un tarif spécifique (le Tarif de Première Nécessité) et solliciter, en cas de difficultés de paiement, des aides financières auprès des services sociaux . Demander et obtenir ces mesures d’aides, négocier des délais de paiement pour les sommes restant dues ou la mise en œuvre des pénalités mettent en contact les clients avec de nombreux professionnels (assistantes sociales, médiateurs, conseillers clientèle dans les accueils physiques ou téléphoniques, conseillers solidarité, techniciens d’intervention, etc.).
L’action des agents publics en relation avec les usagers a pendant longtemps fait l’objet d’une lecture en termes de rôle, dans le prolongement de l’approche idéal-typique de la bureaucratie (Weber, 1905). La période de modernisation du service public a ouvert la voie à de nouvelles lectures du travail, qui ont permis de montrer « la variabilité des pratiques locales des guichetiers et les ajustements qu’ils déploient à l’endroit des usagers » (Weller, 2008) et de nouvelles formes de division morale du travail (Fortino, 2008).
A partir d’analyses qualitatives et quantitatives, nous montrerons qu’autour des dispositifs de solidarité énergétiques émerge de la part des agents une « morale de l’aide » permettant de sélectionner demandes et solutions. Elle s’appuie sur des critères de jugement formulés en termes de bien et de mal et est associée à des formes de sanction (Durkheim, 1893). Cette norme collective favorise l’accès aux mesures de solidarité dans l’optique d’une fluidification du processus de recouvrement des factures, mais aussi d’un traitement de la « misère ».
Cartier Marie, Lechien Marie-Hélène | Atelier 3, Session B
Entre travail domestique et travail rémunéré : regards sur l’emploi d’assistante maternelle à partir des conflits prud’homaux
Les assistantes maternelles, salariées agréées par les services sociaux qui gardent des enfants dans leur propre maison se situent, maintes recherches l’ont souligné, aux marges de l’emploi. Entre famille et marché, indépendance et salariat, travail domestique et travail rémunéré, leur activité déroge aujourd’hui encore aux règles communes en matière de temps de travail, de licenciement ou de salaire horaire. L’évolution récente des conditions d’emploi de ces salariées en France—ce sont majoritairement des femmes— va toutefois dans le sens d’un rattachement croissant de cet emploi direct au droit salarial commun depuis la négociation d’une nouvelle convention collective des assistant(e)s maternelles du particulier employeur en 2004. Le développement effectif de la formation et l’organisation collective de la profession à travers des associations professionnelles et des structures municipales contribuent également à multiplier les sociabilités entre collègues et à rompre l’isolement du travail à domicile. Aujourd’hui, les assistantes maternelles peuvent saisir le tribunal des Prud’hommes pour régler les litiges avec leurs employeurs et certaines se saisissent de ce droit. Mais que révèlent au juste ces conflits ? Que l’activité d’assistante maternelle est devenue un travail comme un autre ? Ou tout au contraire que perdure un refus de la reconnaître comme tel ? Il s’agit ainsi de revisiter les évolutions d’une activité salariale marginale et des représentations du travail féminin de garde d’enfants en prenant comme point d’entrée original les conflits prud’homaux.
Méthode : observation d’audiences prud’homales et entretiens avec les parties, entretiens avec des avocats et conseillers du salarié ; entretiens avec des responsables des relais assistantes maternelles.
Casta Aurélien, Le Lann Yann | Atelier 5, Session B
Aux marges du salaire et de la dette. L’enregistrement comptable des ressources des étudiants et des retraités
La communication prendrait pour hypothèse que la monnaie et la comptabilité nationale constitue deux des supports de la reconnaissance ou du déni du travail des marges. Elle se concentrerait sur deux populations traditionnellement situées, si l’on suit respectivement la sociologie et l’économie du travail, à la périphérie de la classe ouvrière et du marché du travail. Le salaire constitue dans les pays d’Europe occidentale un ensemble de ressources qui s’est durant les décennies de l’après-guerre largement décentré de l’emploi. Dans l’univers comptable, cette tendance a accompagné la mise en place d’une norme centrée sur les flux de monnaie distribués et collectés par l’Etat social. A l’inverse, les promoteurs des politiques sociales menées depuis les années 1980 ont plutôt eu tendance à défendre la mise en œuvre d’une comptabilité d’engagement distinguant les flux de monnaie versés et reçus par l’Etat social des actifs (créances) et passifs (dettes) qu’il pouvait détenir. A ce titre, les crédits formation, les prêts étudiants, les compte épargne salariale, la dette des retraites, pourraient être enregistrés comme des titres de propriété et de dette de l’Etat. Les étudiant-e-s et les retraité-e-s ne relèveraient définitivement plus du salaire et de la production mais plutôt de la dette et de la propriété. L’idée de la communication serait de se pencher sur les questions suivantes.
En quoi la comptabilité de flux permet-elle d’enregistrer la pluralité des ressources salariales et de décentrer, au profit des marges, le salaire de l’emploi ? De son côté, en quoi la comptabilité d’engagement organise-t-elle la déconnection entre les ressources des retraités et des étudiants et le salaire ? En quoi exclue-t-elle radicalement ces populations de l’univers du travail pour les faire entrer dans celui de la dette et de la propriété ?
Nous répondrons à ces questions à partir d’exemples tirés de l’histoire des comptabilités nationales françaises et britanniques et des prescriptions fournies en la matière par des institutions internationales comme la Banque mondiale.
Célérier Sylvie, Riesco Alberto, Rolle Pierre | Atelier 5, Session A
La subordination fait-elle le travailleur ?
Nous nous intéressons à la variété des emplois qui, aux marges des situations de travail salariées, combinent des parts variables de subordination et d’indépendance. Si ces emplois restent minoritaires en France comme dans les pays européens, ils progressent néanmoins en diversifant les statuts et ils sont partout en Europe l’objet de mise en formes juridiques et réglementaires. Le statut d’auto-entrepreneur ouvert en France depuis le 1er janvier 2009 en donne un exemple, bien modeste cependant si on le rapporte au Statut de travailleur indépendant que le gouvernement espagnol a instauré en 2007 qui reste à ce jour la formalisation européenne la plus achevée. Ces transformations récentes doivent à un mélange de politiques opportunistes de lutte contre le chômage et de discours idéologiques assimilant liberté et créativité que l’on retrouve partout en Europe.
Comment comprendre ces mouvements où le statut des emplois se trouve engagé ? Doit-on les voir – comme la sociologie du travail y invite souvent – comme un nouveau signe d’effritement du salariat et des protections qu’il permet ou montrent-ils, au contraire, le dynamisme de ce dernier ? Retenant ce second point de vue, nous montrerons que le mouvement en cours ne peut que partiellement se lire comme une fragmentation des situations de travail. Un autre versant doit être considéré où se voit un puissant mécanisme de rapprochement, pour autant que l’on dépasse les modalités de réalisation directe du travail et que l’on intègre la constitution des droits, les mutualisations des risques, bref l’ensemble des instances qui composent et animent le salariat.
Les « agencements d’activités » que ce double mécanisme de fragmentation et d’extension du salariat installe pose bien des questions et interroge aussi la place historique que, derrière le contrat de travail salarié, les entreprises ont jusqu’alors tenue dans le déploiement du capitalisme. Quels modes d’association des travailleurs aux opérétions productives se dessinent-ils derrière l’incontestable déclin de la forme entreprise ?
Chadoin Olivier, Ollivier Carine | Atelier 5, Session A
Indépendance et salariat : front renversé et fragmentation. Les formes d’emploi du marché des métiers de l’architecture
Le marché du travail des architectes est traditionnellement caractérisé par une emprise très forte de l’indépendance ou des « emplois atypiques » (CDD, stages, intérim), ces derniers fonctionnant comme des variables d’ajustement sur un marché de services marqué par une très forte irrégularité économique. A cet égard, il s’offre comme un poste d’observation privilégié pour comprendre les transformations des formes du salariat et ce d’autant plus que là où certains avancent que les recompositions à l’œuvre dessinent la figure enchantée d’un nouveau professionnel dépris de toutes contraintes, l’enquête empirique montre au contraire comment les trajectoires professionnelles de ces acteurs sont surdéterminées par l’exposition permanente aux tensions marchandes. Toutefois, le marché du travail de l’architecture présente un autre intérêt au regard d’une interrogation sur les marges de l’emploi. Depuis plusieurs années en effet, on y observe une montée en puissance de formes d’emploi plus pérennes, en particulier dans des domaines d’activités qui offrent aux architectes de nouveaux débouchés. Ces formes d’emploi ont tendance à déstabiliser les professionnels de l’architecture habitués à penser leur identité sur le modèle du professionnel libéral. A cet égard, le marché du travail de l’architecture fonctionne comme un négatif du marché du travail en général : les emplois atypiques y constituant depuis longtemps la norme tandis que la stabilité salariale y est plutôt vue comme une situation marginale ou temporaire (en début de carrière notamment). Dès lors, la situation paradoxale de l’architecture permet penser la dialectique des marges et du centre sur les marchés du travail en montrant dans quelle mesure cette dichotomie est le fruit d’une construction sociale et normative.
Chappe Vincent-Arnaud, Guillaume Cécile, Pochic Sophie | Atelier 11, Session B
Les dispositifs négociés de « sécurisation des parcours militants » : reconnaissance ou invisibilisation des discriminations syndicales ?
Jusqu’aux années 2000, la discrimination syndicale, au sens de représailles des employeurs contre les représentants des salariés dans l’entreprise, n’était pas un terme utilisé par les sociologues pour décrire les relations sociales en France. L’hostilité des employeurs était souvent banalisée par les syndicalistes eux-mêmes qui considéraient la "placardisation" en entreprise comme le prix à payer de leurs convictions. Si les syndicalistes peinent encore, pour beaucoup, à se reconnaître comme discriminés, l’aménagement de la charge de la preuve en matière de discrimination syndicale dans la loi en 2001 a contribué à une prise de conscience et une croissance des contentieux en la matière, notamment du coté de la CGT. Parallèlement, la loi de 2008 sur la réforme de la représentativité syndicale a instauré une obligation de négociation sur la "sécurisation" des parcours des militants syndicaux pour les entreprises de plus de 300 salariés. Selon le Ministère du Travail, on compte environ 2.300 accords d’entreprise signés par an. Au-delà de la mise en conformité avec la loi, quelles sont les raisons qui poussent les entreprises et les organisations syndicales à négocier des accords ? Quelles sont les formes d’appropriation de cette injonction à négocier selon les contextes ? Quelles articulations avec d’autres usages du droit anti-discriminatoire ? Quels sont leurs effets ? Autant de questions que nous traiterons dans le cadre d’une enquête par monographies en cours auprès de six entreprises, certaines connues pour la générosité de leur droit syndical et leur forte syndicalisation, d’autres réputées pour leur faible taux de syndicalisation, voire leurs pratiques anti-syndicales. Comme pour d’autres types de discriminations, nous faisons l’hypothèse que l’articulation des différents usages du droit collectifs ou individuels (négociation collective, action en justice, tractation individuelle) peut s’avérer complexe et joue non seulement sur la conscience du droit des personnes discriminées, mais également sur l’effectivité du droit.
Charles Charlène | Atelier 3, Session C
Educateurs précaires ou care éducatif ? Placement et déplacement du personnel socio-éducatif de l’Aide Sociale à l’Enfance
L’institution de protection de l’enfance s’est structurée en parallèle de l’organisation du métier d’éducateur qui a fait majoritairement sa place en son sein. Or aujourd’hui, en même temps qu’une tendance à la privatisation de cette mission de service public, on assiste à la dilution de la compétence éducative. En dépit d’un mouvement de professionnalisation et de formalisation des savoir-faire de l’éducation spécialisée, le recours à des emplois peu qualifiés et précaires est de plus en plus massif dans ce secteur – les éducateurs intérimaires, le personnel contractuel de « remplacement », de « renfort éducatif », les « faisant-fonction », les « familles d’accueil » en sont les déclinaisons. Cette gestion salariale voire cette externalisation du personnel socio-éducatif marque dans une certaine perspective une déprofessionnalisation, une déqualification du métier d’éducateur mais dans une autre, elle participe à visibiliser un travail éducatif appuyé sur des savoirs profanes et expérientiels. Autrement dit, ce New Public Management contribue à mettre en lumière des compétences d’autorité et des dispositions au souci des autres, au care, non certifiées par un diplôme ou une formation. Cette position, en marge de l’institution de protection de l’enfance et du travail social dit « classique », permet-elle d’être plus proche d’un public marginalisé ? Ces transformations viennent-elles impacter ce qui rend visible ou invisible un éducateur aux yeux des mineurs suivis par les services sociaux ? Tout d’abord, nous identifierons ce qui oriente les politiques salariales de l’Aide Sociale à l’Enfance et le contexte institutionnel dans lequel elles s’inscrivent. Ensuite, à partir d’un travail empirique, nous présenterons les effets en termes de pratique ainsi que les recompositions et les remaniements opérés par le personnel socio-éducatif sur le terrain pour dépasser les tensions et les contradictions de cette gestion salariale.
Cherak Fatima | Atelier 3, Session C
L’émergence d’un nouveau travail thérapeutique : le râqi en France, en Algérie et en Egypte
La rouqya, une pratique donnée par ses adeptes pour thérapeutique, se manifeste depuis les années 1990 dans plusieurs pays à présence musulmane. Caractérisée par l’utilisation intensive du Coran et le retour à la médecine dite du prophète, la rouqya est exercée par un nouveau corps de thérapeutes qui se positionne entre les guérisseurs traditionnels et les professionnels de la santé officielle, en quête de reconnaissance sociale dans le domaine des soins. Ces râqis se présentent en trois catégories : des religieux, des amateurs et ceux consacrés entièrement à la rouqya. Les représentants de l’islam sunnite ne sont pas tous unanimes sur la professionnalisation de la rouqya en milieu public, or les râqis tirent la légitimité de leur pratique de textes religieux ouverts à l’interprétation mais surtout de la demande thérapeutique venant de malades. Se pose la question de la rémunération où don et contre-don sont au centre de la problématique du salariat et de la reconnaissance du statut du râqi confrère ou concurrent des prestataires de soins.
La médiatisation de la rouqya auprès du public malade révèle d’autres dimensions comme l’encadrement des râqis et des praticiens de la hijama (scarification/ventouses) qui comptent aussi des médecins généralistes ou spécialistes : des formations sont organisées par ces râqis.
Des « centres » ou « cliniques » de la rouqya et de la hijama voient le jour et des congrès au Moyen-Orient appellent à l’encadrement de ces pratiques dans un processus de standardisation conforme à une éthique thérapeutique.
Dans cette problématique de l’émergence des râqis en France, en Algérie et en Egypte, les frontières de l’emploi et du service sont floues du fait de la juxtaposition du religieux, du profane et du thérapeutique. Quelle est la place des râqis dans la société des soignants ? Marginalité ou intégration dans le monde du travail ?
Chevalier Vérène | Atelier 11, Session A
Mobilisation hétéroclite et visibilisation d’un groupe professionnel
Cette communication portera sur une mobilisation collective rassemblant de tout petits entrepreneurs, des employeurs, des salariés et leurs clients à l’automne 2013, moment où le gouvernement français décide de porter la TVA sur les activités équestres de 7% à 20%. Les manifestations et cortèges qui défilent dans plusieurs villes de France en novembre 2013, leurs slogans, leurs organisateurs, leurs porte-paroles sont intéressants à analyser car la principale revendication est celle d’un secteur économique et d’un secteur d’emploi menacés par cette hausse brutale de la TVA.
L’utilisation de ce double registre contribue à donner une visibilité au travail, inédite en ces termes dans un monde du sport qui n’est pas spontanément perçu - et peine à se penser - aussi comme un monde du travail. En effet, inscrit dans le temps de loisir, le sport s’est historiquement construit en dehors du monde du travail mais souvent opposé à lui : organisé et réglementé par des associations, le sport consacre l’ethos bénévole (Fleuriel, 2006 ; Chevalier, Fleuriel, 2008) ; le commun engagement pour la cause sportive sous les auspices de la passion, du don de soi, de la gratuité rend le travail contre rémunération suspect de porter avec lui les impuretés du profit économique (Fleuriel, Schotté, 2008). A ce titre l’utravisibilité de quelques sportifs professionnels aux revenus démesurés participe de l’invisibilisation du travail d’une main d’œuvre sportive (aux statuts d’ailleurs variés : bénévoles, amateurs, salariés, indépendants), en particulier de celle qui organise, distribue, et anime les différentes pratiques sportives.
Or cette mobilisation collective et son déploiement sur la scène publique contribue à rendre visibles les acteurs de la distribution des activités équestres. En effet, si cette mobilisation rassemble des acteurs que leurs positions respectives devraient diviser (employeurs versus salariés ; entreprise versus association ; marchands versus clients), c’est que cette distribution sous forme marchande est perçue comme légitime, comme en témoigne le consensus sur les arguments de défense d’un secteur économique et de ses emplois. Et cette mobilisation contribue conjointement à la prise de conscience des intérêts communs des travailleurs rémunérés, qu’elle participe donc à rendre visibles - y compris à eux-mêmes - en tant que groupe professionnel.
L’analyse retracera la généalogie de cette mobilisation qui s’inscrit dans l’histoire récente des institutions équestres (Chevalier, 2011), et portera sur les supports de la mobilisation collective (tracts, mots d’ordre, interviews à la presse, interpellation des parlementaires) et sur les principales organisations qui les fabriquent (groupement d’employeurs, fédération sportive).
Chevillot Anaïs | Atelier 2, Session A
Invisibilisation des femmes artistes dans la figure professionnelle du créateur
La figure professionnelle de l’artiste est représentée par un idéal-type : un homme, blanc, la quarantaine, issu d’un milieu bourgeois. Ainsi, les créateurs passés à la postérité, exposés par les institutions culturelles sont en grande majorité de sexe masculin. Le rapport de Reine Prat sur le champ professionnel du spectacle vivant et les chiffres publiés dans un bilan du ministère de la Culture en 2013 le confirment. Alors que les femmes sont souvent plus nombreuses dans les filières artistiques, quel processus d’invisibilisation de leur travail est à l’oeuvre pour qu’elles « disparaissent » des statistiques professionnelles ?
Je veux montrer comment les créatrices se retrouvent en marge des « mondes de l’art ». D’abord en démontrant qu’elles sont cantonnées dans l’affichage d’une « féminité », dans un militantisme féministe ou dans un artisanat mineur. A travers les paroles de créatrices françaises contemporaines je veux ensuite aborder la façon dont elles intériorisent ces dévalorisations, en ayant recours à des stratégies d’évitements, de modestie ou d’auto-assignation genrée. Enfin je veux décrire comment le statut de créateur est socialement et historiquement construit et comment il dé-centre, et écarte les femmes artistes à la marge de ses prérogatives.
Ciarini Andrea | Atelier 11, Session D
Dualisation et nouvelles formes de représentations collectives. L’Italie dans le contexte européen
Durant la phase marquée par la consolidation du fordisme, les études sur les relations industrielles et sur les régimes de sécurité sociale se sont développées séparément, brisant ainsi le lien qui, lors de la phase précédente, avait caractérisé les premières formes de représentation syndicale et de protection sociale. Cela paraît évident et semble ne rien ajouter de plus à ce qui a été souligné par toute la littérature sur la sécurité sociale et sur les relations industrielles. Pourtant, dès qu’on observe ces phénomènes en focalisant notre regard sur les transformations en cours, on s’aperçoit qu’il n’en est pas ainsi. Les transformations de la représentation collective et du système de sécurité sociale semblent en effet mener à une recomposition de la division du travail institutionnalisée par le cycle fordiste. Cette nouvelle intégration entre le système de sécurité sociale et celui des relations industrielles présente plusieurs facettes. Il suffit pour cela de penser à l’essor récent des prestations sociales au sein des entreprises, sur des thèmes contribuant à élargir le périmètre de la contractualisation et de la protection sociale : sécurité sociale intégrée, services de soins et conciliation négociés entre partenaires sociaux, formation professionnelle. Ce domaine est aujourd’hui au centre de nombreuses analyses portant sur les transformations du système de sécurité sociale en Europe, tout en n’étant pas le seul domaine rendant visible le dépassement de la division précédente du travail. Bien que sous une forme encore embryonnaire, nous assistons en effet à l’émergence d’expériences d’auto-organisation, le plus souvent sous forme mutualiste (self-help). Ces dernières sont caractérisées par la participation directe des groupes professionnels et sociaux les moins protégés du point de vue contractuel et se trouvant tant aux marges du marché du travail que du système de protection sociale. Ces phénomènes ne sont pas encore très bien connus. Nous savons qu’ils concernent le plus souvent le monde des professionnels, surtout les jeunes ayant des problèmes d’insertion dans le marché du travail et dont l’accès au système publique de sécurité sociale et de catégorie est plutôt faible. Chaque pays garde évidemment ses spécificités. Les traditions tant du système de protection sociale que du système des relations industrielles exercent une influence déterminante dans la redéfinition des espaces d’action au sein desquels les acteurs interagissent. L’article regard ces changements dans le contexte des relations industrielles italiennes, à travers l’analyse d’expériences locale qui se sont répandue dans les dernières années.
Benedetto-Meyer Marie, Cihuelo Jérôme | Atelier 1, Session D
Petite histoire d’un réseau de sociologues en entreprise aux marges et à la marge de l’organisation : un révélateur des transformations de la place des SHS en entreprise.
La communication s’intéressera à un réseau de professionnels (sociologues en entreprise pour la plupart), occupant des fonctions variées (chercheurs R&D, pilotage d’études et de recherches externes, animation scientifique, conseil interne), placés à la marge et intervenant aux marges de leur propre organisation. En effet, ils se situent à la marge de leur entité d’appartenance (grandes entreprises et institutions) au regard du caractère hybride de l’activité exercée, de la posture critique adoptée (objectivation et prise de distance) et de la formation en SHS suivie (master, doctorat). Dans le même temps, ils se situent à la marge de la sociologie pratique (consultance et intervention sociologique) de par les conditions organisationnelles (conditions d’emploi et de travail favorables) et professionnelles (administration et conduite de recherches) d’exercice.
L’analyse des formes d’activité de ces professionnels et du réseau auquel ils appartiennent nous amènera à considérer les marges dans un double sens. D’une part, la marge peut se comprendre dans les termes de l’intermédiation (Jamous, 1969 ; Gremion, 1976 ; Crozier et Friedberg, 1977 ; Burt, 1995) au sens de mise en relation et d’ajustement de mondes sociaux différents. Les professionnels occupent ici la position de l’intermédiaire valorisée dans sa capacité de traduction de demandes et d’attentes d’univers éloignés. D’autre part, la marge renvoie aux notions d’extériorité et de décalage (Becker, 1985 ; Alter, 1993). Elle traduit l’action de professionnels cherchant à introduire des conceptions et des pratiques professionnelles aux limites des valeurs et des conventions légitimées. Elle restitue le caractère incertain et précaire de la légitimité de ces professionnels. Or, cette position « à la marge » prend des formes différentes, fluctuantes en fonction des contextes économiques et organisationnels des entreprises, et des modes de mobilisation des SHS envisagés (du pôle de recherche interne au conseil de directions en passant par le financement de thèses Cifre).
Nous proposons ici d’apporter une réflexion sur la manière dont ce réseau professionnel regroupant différentes figures du sociologue en entreprise évolue depuis les années 1980. Il ne s’agira pas, dans la suite de nombreux travaux (Jobert et Sainsaulieu, 1992 ; Meynaud, 1996 ; Piriou, 1999 et 2006, Uhalde, 2001 ; Fossellier et Gardella, 2009 et 2010), de s’intéresser à l’action de sociologues praticiens au sein d’organisations, mais d’appréhender ce réseau comme un révélateur de l’évolution des usages des SHS dans les entreprises. A travers le récit des circulations (entrée / sortie de représentants, remplacement / élargissement des institutions contributrices), des mouvements (disparition, réorientation ou redéfinition des structures utilisatrices des SHS en organisation) et des formes d’action (séminaires, coordination d’ouvrages, collaborations…) de ce réseau, nous montrerons également comment ce dernier constitue un acteur et un espace (de partage et de mise en visibilité) collectifs participant d’un travail de reconfiguration (partielle) des positions, plus ou moins instables, de ses membres.
Cirelli Claudia , Rosa Elisabetta | Atelier 9, Session C
Le travail de récupération des déchets comme rapport à la ville : entre marginalité et intégration
Une importante littérature fait état des activités de récupération des déchets dans les villes de pays « dits du Sud » montrant comment celles-ci assurent des emplois et des revenus à des populations qui se situent aux marges du marché du travail et, souvent, aux marges de la société. Cependant, les activités de récupération et recyclage ne sont pas l’apanage des travailleurs de ces pays et, dans les pays industrialisés, elles constituent également des sources de revenu. Depuis longtemps des individus fouillent les dépotoirs ou les poubelles à la recherche de matières qu’ils peuvent revendre ou recycler. Néanmoins on observe un paradoxe : si la récupération transforme le déchet en ressource grâce à l’extraction de matériaux de valeur, ceux qui côtoient les déchets sont toujours porteurs d’un stigmate.
Dans nos sociétés urbaines, parmi les groupes qui se livrent à cette activité, on retrouve également certains membres des populations Rom, migrantes des pays de l’Europe de l’est, notamment de la Roumanie, vers les villes de l’Europe Occidentale. Ces populations sont reléguées habituellement sur des espaces urbains en transition ou abandonnés, souvent à proximité de lieux utilisés comme dépotoirs. A partir du cas de la ville de Turin, en Italie, et d’une recherche de terrain sur les modalités de réalisation de cette activité ainsi que sur les relations à la ville des populations Rom, cette contribution propose d’analyser le travail de récupération des déchets non seulement comme une activité économique inscrite dans l’informalité mais également comme un marqueur de précarité sociale et spatiale. En effet, l’espace de vie des groupes Rom est également qualifié par la présence de déchets, issus en partie de leur activité de récupération. De plus, à Turin les politiques d’intégration par l’attribution de logements font de la propreté des espaces communs une épreuve permettant d’accéder aux programmes institutionnels. Entre pratiques professionnelles, formes de « résistance ordinaire » et stigmate, cette communication analysera la place de ce travail de récuperation dans la relation à la ville des populations Rom.
Cette contribution s’inscrit dans l’axe IV mais peut également s’inscrire dans l’axe V.
Cognie Florence | Atelier 5, Session A
Artisanat, tensions entre formel et informel
L’artisanat est souvent présenté comme la survivance d’un mode de production anté-capitaliste et donc comme une anomalie dans une société à dominante entrepreneuriale ou salariale. Cette représentation est ancienne sinon contemporaine des débuts du capitalisme industriel. Pourtant l’artisanat se maintient en se transformant, il représente aujourd’hui 900 000 entreprises et emploie plus de 2 millions de salariés. Certes, l’artisanat constitue un univers hétérogène. Doublement hétérogène. Hétérogène du point de vue des identités et des trajectoires : entre l’artisan d’art ou l’artisan sous-traitant de la grande entreprise, il n’y a pas toujours grande ressemblance. Hétérogène du point de vue des métiers : quel rapport entre les ambulanciers, les luthiers et les plombiers ?
Par delà cette hétérogénéité, l’artisanat est caractérisé par son encastrement économique dans le local et le social, dans des rapports sociaux locaux, et cela reste aujourd’hui encore une de ses forces. Cet encastrement induit des relations de travail, des rapports de production, des relations clients marqués par l’informel, les relations interpersonnelles tacites et la confiance. Néanmoins, aujourd’hui l’informel se montre insuffisant dans les rapports de production, comme dans la relation de travail et au travail. Les artisans tendent peu à peu à s’extraire de l’informalité. Ils formalisent les rapports de production inter et intra entreprises, ceci en particulier dans le bâtiment, ils essaient de développer un nouvel équilibre entre liens forts et faibles et structurent les liens faibles qu’ils entretiennent avec les institutions. L’objet cette communication est de rendre compte des tensions entre formel et informel qui s’exercent dans l’artisanat. Alors que dans le même temps, les entreprises de plus grande taille se mettent à croire aux vertus de l’informel.
Contrepois Sylvie | Atelier 10, Session C
Quels registres d’action pour les étudiants salariés ?
Le nombre des étudiants entrant sur le marché du travail pendant le temps de leurs études, afin de financer ces dernières ou d’acquérir une expérience professionnelle, s’accroît partout en Europe. Les statuts qu’ils occupent sont extrêmement divers allant du stage en entreprise à l’emploi à temps plus ou moins partiel en contrat à durée indéterminée. Ils travaillent principalement dans les secteurs des services et constituent, dans de nombreux cas, la main d’œuvre cible choisie par les employeurs pour occuper certains postes.
Ni seulement étudiants, ni seulement salariés, ils sont les deux à la fois. Outre les indéniables pressions temporelles qu’elle provoque, cette situation ne peut conduire qu’à des ambiguïtés en matière d’identification à un groupe professionnel. Dans la plupart des cas, en effet, les emplois occupés sont bien moins qualifiés que ceux auxquels les étudiants aspirent à accéder au terme de leurs études. Ils tendent donc généralement à considérer leur situation comme provisoire et à apprécier ces emplois à l’aune des revenus qu’ils leur procurent et de la plus ou moins grande latitude qu’ils leur laissent pour adapter leurs horaires de travail à leur emploi du temps universitaire.
La question de la mobilisation de cette main d’œuvre, qui occupe des pans de plus en plus importants de certaines activités de services – grande distribution, hôtellerie, restauration, tourisme - se pose cependant pour les organisations syndicales. L’un des enjeux majeurs est d’éviter une trop forte dégradation des conditions d’emploi dans des secteurs d’activités qui se caractérisent déjà par la faiblesse des droits des salariés.
Nous nous proposons ici d’offrir un éclairage sur les problématiques spécifiques à la main d’œuvre étudiante et sur les difficultés qu’elles soulèvent en matière d’action collective, à partir d’un travail d’enquête quantitatif et qualitatif mené dans sept pays européens – Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Lettonie, Pologne, République Tchèque - au cours de l’année 2012.
Marie-Christine Bureau, Antonella Corsani | Atelier 11, Session D
Fabriques instituantes à la marge du salariat
Si l’on considère le regain du travail indépendant dans les pays anciennement industrialisés et le brouillage des frontières entre salariat et indépendance, l’émergence de nouveaux acteurs collectifs au sein de ces « zones grises », entre travail salarié et travail indépendant, constitue un enjeu majeur. De nouvelles formes d’action collective ont ainsi pu être mises en évidence : coordination d’intermittents et précaires, syndicats de free lancers, associations et coopératives de travailleurs/producteurs, réinventant des formes de mutualité tout en expérimentant différents modes d’organisation horizontale.
Dans cette contribution, nous proposons de mettre en regard, à partir d’enquêtes et d’observations menées à l’occasion de notre participation à des partenariats de recherche , deux expériences d’action collective en France : la coordination des intermittents et précaires, d’une part ; le chantier lancé par une coopérative d’activité et d’emploi pour évoluer vers une mutuelle de travail, d’autre part. Très différentes au regard de leurs origines et de leurs moyens de mobilisation, ces expériences présentent néanmoins deux traits communs significatifs :
elles constituent des « fabriques instituantes », au sens où elles élaborent et proposent de nouvelles règles du jeu pour des situations et des pratiques mal prises en compte par une architecture institutionnelle basée sur la distinction binaire entre travail salarié et travail indépendant ;
elles expérimentent des formes non hiérarchiques de prise de décision, d’organisation et de coordination.
Nous nous efforcerons de mettre en lumière les contextes singuliers d’émergence de ces deux expériences d’action collective nées au sein de situations professionnelles à la marge du salariat, ainsi que les déplacements qu’elles opèrent dans le monde du travail en réinterrogeant les formes de la démocratie.
Corteel Delphine | Atelier 4, Session D
Réemploi : le travail de requalification des restes
Cette proposition de communication s’appuie sur une enquête de terrain par observation et entretiens dans le secteur du « réemploi » menée depuis décembre 2011 au sein d’un groupe de recherche financé par le programme « déchets et sociétés » de l’ADEME. Le réemploi, secteur au nom nouveau et largement méconnu, désigne pourtant une activité ancienne qui a porté des noms très divers : chiffonnage, biffe, chine, récup’… Activité essentiellement informelle jusqu’alors, la récupération devenue réemploi constitue aujourd’hui l’un des éléments d’une politique impulsée à l’échelle européenne, visant à transformer une partie de ce qui jusqu’alors était considéré comme « déchets » en « ressources ».
Au cours de l’activité de récupération, un objet peut endosser une nouvelle identité. Si la récupération ouvre un possible pour l’objet, sa nouvelle identité reste à découvrir. La récupération est une hésitation « où l’on vient chercher quelque chose d’incertain mais suspect d’utilité » (Beaune, 1999, p. 11) Et cette hésitation est un travail, celui de repérer des objets et de leur offrir un nouveau « peut-être » par toutes sortes de déplacements, de nettoyage voire de réparation, de tri et de rangement, de disposition, d’exposition, d’installation... Tenir et présenter la preuve de la suspicion d’utilité se fait parfois au prix d’efforts importants et demande une grande ténacité, d’autant que l’éthique du réemploi interdit de jeter les objets-déchets une fois qu’ils ont franchi le seuil de l’organisation.
Dans une première partie, nous décrirons l’activité, les savoirs et l’expérience qu’elle requière. Dans une seconde partie on s’intéressera aux statuts d’emploi des travailleurs et aux modes de financement des acteurs associatifs. En conclusion, on croisera les analyses de ces deux parties afin de mettre en lumière les enjeux et les difficultés d’un secteur chargé, par les pouvoirs publics, de transformer nos modes et habitudes de consommation.
Coscia Vanessa | Atelier 11, Session D
La re-conversion des espacio laboral y su visibilidad
La crisis del mundo del trabajo que afecta, sobre todo desde el 2008, a diversos países de la eurozona, nos lleva a preguntarnos por las luchas de aquellos trabajadores que ocupan espacios laborales para transformarlos en espacios productivos y en modos alternativos de autogestión y cooperación.
A la luz de la experiencia de ocupación/recuperación de fabricas en Argentina, iniciada en el 2001 y que continúa hasta la actualidad, y teniendo en cuenta las particularidades históricas y culturales de cada uno de los contextos nacionales, este estudio se pregunta en particular por la visibilidad de la protesta de la “reconversión” en algunos de los países más afectados de Europa como son Italia, España, Grecia y Francia, entre otros.
Por lo tanto, uno de los objetivos de este estudio es conocer e identificar las nuevas modalidades de re-conversión o re-utilización de los saberes de los trabajadores para volver a poner en funcionamiento las fábricas que cierran y que dejan por fuera del mercado laboral tradicional a miles de trabajadores, en una época de avanzado capitalismo neoliberal.
En este contexto, las preguntas que guían este estudio –que forma parte de una investigación mayor- es : ¿de qué modo se hace visible desde los grandes medios masivos nacionales la “reconversión” y la autogestión de los espacios laborales como modo alternativo a las formas de empleo clásico en una coyuntura de crisis capitalista internacional ?, ¿cuáles son las formas y estrategias de comunicación que los mismos trabajadores utilizan para dar a conocer sus protestas ?
Costa Resende Carolina | Atelier 9, Session D
Le coupeur manuel de canne à sucre au Brésil
Le coupeur de canne à sucre joue un rôle important dans l’agro-business du plus grand producteur mondial de sucre, le Brésil. Ce travailleur, pourtant, devient de plus en plus exclu du marché de travail, en raison du processus de mécanisation qui a déjà remplacée environ 80 % des emplois dans cette occupation. Une recherche menée dans une entreprise du secteur sucrier montre que, malgré l’augmentation de sa production, sur deux mille travailleurs chargés de la coupe manuelle de canne à sucre en 2008, aujourd’hui il n’en reste pas qu’à peu près deux cents. On ne peut ignorer l’importance des progrès, en raison de l’ouverture de l’industrie de l’investissement international depuis 2000, dans l’entretien et la préservation de la vie du travailleur, ainsi que dans la promotion de la santé en milieu de travail, même si elles sont insuffisantes pour faire face à l’impératif économique d’exploiter le travailleur. Les travailleurs eux-mêmes reconnaissent qu’il y a eu des améliorations. Cependant, la douleur persiste. Les sujets que nous avons interviewés ont révélé que ce métier est presque le seul à leur portée qui compte un salaire raisonnable, car il n’exige aucune qualification professionnelle ni aucune scolarité. Donc, ces travailleurs sont forcés de chercher des emplois moins qualifiés dans le bâtiment ou du travail au noir, y compris parfois quelques activités illicites. Ceux qui restent dans la coupe manuelle de la canne (celle-ci pour l’instant ne va pas disparaître complètement, face à des problèmes techniques encore non résolus) sont obligés d’accepter des conditions dégradantes, comme l’intensification du travail. Si dans les années 1980, un travailleur coupait, en moyenne, 6 tonnes de canne par jour, maintenant il en coupe 12, avec un salaire équivalent au précédant. Ceci révèle le caractère paradoxal de l’industrie sucrière au Brésil : si d’une part elle produit « l’énergie de l’avenir », de l’autre elle poursuit l’exploitation classique du travail humain.
Balzani Bernard, Creusat Eric, Garcia-Bardidia Renaud | Atelier 2, Session C
Entre désir et déni de reconnaissance de la fonction de responsable de SIAE
Notre hypothèse est que le désir de reconnaissance se comprend comme une manifestation des tensions identitaires vécues au sein du groupe dans sa relation à Autrui, engendrées par les reconfigurations des politiques publiques, traduisant un changement paradigmatique de la « société » et de « l’individu ». De même, il exprime l’impossible transgression des cadres culturels et psychosociaux construisant l’identité héritée du « travailleur social », par ces professionnels. L’analyse des discours vise à caractériser les processus sociaux permettant d’expliquer la situation des individus, les caractéristiques structurelles de ces situations et les logiques d’action ou encore identifier les déterminants sociétaux à l’œuvre dans les pratiques individuelles des permanents des SIAE. Etre reconnu comme responsable d’une SIAE n’est pas réductible à la maîtrise de gestes et comportements professionnels liée à l’activité de permanent (responsable ou pas) mais renvoie pareillement à une accréditation d’une qualité normative délivrée par Autrui et à une exigence de justice. Toutefois, cette explication n’épuise pas la question. En effet, ce désir de reconnaissance vise à acquérir un statut social permettant une participation jugée « juste » à la vie sociale. Cette recherche permet de vérifier sur le terrain qu’il est essentiellement une attente d’un acte de confirmation intersubjective par Autrui, des capacités et qualités « morales » que se prêtent les individus ou groupes.
Elle a permis aussi de saisir le sens du déni en en analysant les processus de formation : avec les pouvoirs publics et partenaires locaux, le mépris comme évitement de toutes formes et source de conflictualité interdisant la possibilité d’une lutte pour la reconnaissance, l’ignorance « politique » de l’activité enfin ; la structuration des modalités de concertation et le jeu des réseaux d’élus locaux excluant les professionnels de l’IAE (logiques de clôture) ; et, au sein même du groupe « responsables de SIAE », la dépendance au sentier expliquant le maintien de formes opératoires au détriment de nouvelles plus efficientes et l’absence d’une communauté du fait de l’émiettement du champ entre réseaux non coopératifs et de l’insuffisante construction du « Métier de l’IAE », véritable professionnalisation du secteur. Ces facteurs s’interpénètrent en un enchevêtrement de causes et d’effets. En conclusion, pourra être explorée les pistes pour la reconnaissance.
La communication s’appuie sur une étude qualitative conduite sur un territoire, le département des Vosges, auprès de responsables de SIAE. Elle a pour objectif d’appréhender la nature et les processus de construction du problème.
Cultiaux John | Atelier 1, Session B
L’invisible travail d’organisation militant
Pour un délégué syndical, « militer au quotidien » se joue sur de multiples fronts, notamment ceux du « terrain » et de « l’organisation » syndicale. Cela implique, tout à la fois, de se tenir à l’écoute des travailleurs et les mobiliser, de mener une analyse permanente de la situation de travail et du contexte organisationnel, d’instruire, défendre et assurer le suivi des dossiers, de participer activement à différents lieux de concertation en entreprise ou au sein de la structure syndicale, de maintenir ses compétences et connaissances à jour, de se tenir prêt à réagir rapidement à un incident ou à une situation de conflit, d’assurer l’animation et le dynamisme de l’équipe syndicale, etc.
C’est à ce niveau très opérationnel, généralement mésestimé, que se posent également, avant tout, pour les délégués syndicaux les défis contemporains de la militance. Qu’il s’agisse, comme le fait Françoise Piotet (2009), de constater les difficultés croissantes de mener une action critique dans un contexte de transformation globale de l’appareil productif (déclin des secteurs primaires et secondaires, fragmentation du champ entrepreneurial, etc.), de la population active (féminisation, élévation du niveau d’éducation, etc.), du contexte général (sous l’effet de la mondialisation) ou des modes de vie et des identités sociales (Lahire, 1998), les effets se traduisent, sur le terrain, au travers de difficultés essentiellement opérationnelles.
Notre communication aura donc pour objet le « travail d’organisation » (Maggi, 2003 ; Dujarier 2006) militant au départ des données et analyses produites dans le cadre d’une vaste recherche-action menée auprès du plus grand syndicat belge (Cultiaux et Vendramin, 2011). Nous reviendrons brièvement sur notre dispositif d’enquête et notre approche théorique avant de mettre en évidence puis de développer les principales tensions et enjeux qui traversent ce travail d’organisation. Nous nous arrêterons également sur ses enjeux, rappelant que les questions que soulève l’action quotidienne sont, aujourd’hui, à la fois plus nombreuses et plus complexes et mobilisent fortement les militants. Laissées sans réponse, elles deviennent au contraire une source de découragement et de désengagement.
Cultiaux John | Atelier 3, Session D
Professionnalisation et complication du travail social
Intervenant en relais de l’action publique et financées en tout ou en partie par des fonds publics, les organisations du non-marchand sont nécessairement concernées par le mouvement de réforme qui a déjà profondément transformé le champ public et éprouvé certains travailleurs (Dryon et Krzeslo 2003 ; Cultiaux 2012). Une attente forte en termes de rationalisation et de professionnalisation s’y exprime, tant du côté des financeurs que de celui des usagers et parfois des travailleurs.
L’accompagnement d’usagers constitue le cœur de métier de ces organisations et c’est à ce niveau, en « première ligne », que se reportent naturellement les enjeux, tension et contradictions politiques et institutionnelles qui traversent les changements en cours et par rapport auxquels l’organisation peine à faire médiation (Pagès 1979). Ce qui se joue à ces différents niveaux complique de manière significative un travail d’accompagnement déjà complexe, s’avère naturellement être vecteur d’inefficacité, est générateur de conflits et de violence et éprouve physiquement et psychiquement les travailleurs (Roelens 2000).
Au départ de données et analyses issues de quatre terrains de recherche et d’intervention dans les champs de la santé, du handicap et de l’insertion socioprofessionnelle, notre communication aura pour objet de questionner les formes et conséquences de cette injonction à la « professionnalisation » à travers la mise en évidence de ces complications qui entravent le travail d’accompagnement.