E - F

lundi 10 février 2014
par  Fleuriel Sébastien
popularité : 91%

A | B | C | D | E - F | G - H - I | J - K | L | M | N | O - P | Q - R | S | T - U | V | W - X - Y - Z


Enclaves | Engels | Filion | Flecher | Fleuriel | Florin | Fortané | France | Frau | Frisque | Fusulier


Enclaves (Collectif) | Atelier 6, Session D

El lugar del trabajo en las cadenas globales agroalimentarias. El cas de Murcia (España)
Cette communication [ 1 ] a analysé la façon dont ces dernières décennies, la mondialisation du système alimentaire a conduit à une forte augmentation du travail salarié agricole dans les territoires où la production agricole a lieu . Cela a conduit à une partie de la littérature affirme que l’augmentation du salariat agricole a eu un impact positif sur les communautés agricoles en offrant des possibilités d’emploi là où il n’en existait pas auparavant . D’autres études , cependant, ont attiré l’attention sur la précarité du travail a été créé . Paradoxalement , l’augmentation du volume du PIB et des exportations du secteur de l’agroalimentaire et l’amélioration de la productivité et la compétitivité des entreprises dans le secteur n’a pas été accompagnée d’une amélioration des conditions de travail . Ce document explique les inégalités entre les travailleurs et les employeurs dans la réponse globale de la chaîne alimentaire de la relation avec les inégalités de la structure sociale du territoire local. L’hypothèse est que les inégalités dans la structure sociale sont transmises à l’intérieur de la chaîne . Pour évaluer l’ampleur de cette hypothèse sur le rôle des acteurs locaux clés dans le processus de mise en marché de l’emploi dans la Région de Murcie , Espagne est analysé.


Engels Xavier | Atelier 5, Session D

Modernisation de l’action publique locale en Europe et invisibilisation du travail public : l’art de faire disparaitre les travailleurs des statistiques et autres prestidigitations
La présente communication, s’appuyant sur notre thèse de doctorat, entend analyser les modalités des manipulations statistiques qui se traduisent par une évolution en trompe l’œil des effectifs publics locaux en Europe. L’analyse de la traduction statistique de la réforme de l’Etat au sein de quatre pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni et Pologne) témoigne de stratégies visant à dissimuler les évolutions réelles dans la mobilisation des agents. Ce phénomène apparait comme récurrent, démontrant la subversion des indicateurs utilisés pour justifier de l’efficacité de la réforme.
La construction des outils statistiques permettant de rendre compte de l’évolution des agents se trouve à la conjonction des études sur l’action publique, qui sert notamment à justifier de l’action des gouvernants, et des études sur la main d’œuvre nationale, sans distinction de secteur. Leur déconstruction permet de comprendre les mécanismes sur lesquels, derrière la neutralité empirique des données statistiques, les protocoles nationaux participent d’une certaine instrumentalisation de la production de données.
On peut alors établir que, selon les pays, trois catégories de manipulation vont se côtoyer en fonction des objectifs recherchés :1) masquer la nature des transformations en cours, notamment en construisant des catégories transversales, regroupant des agents très variés, ou en évitant de pointer l’évolution – négative – des conditions de certaines sous-catégories ; 2) permettre d’établir un bilan statistique « positif » de la réduction des effectifs publics, alors que se développent des processus d’externalisation vers des structures semi-privées ou de transfert des coûts de la mise au travail d’agents vers la politique sociale, comme avec le workfare ; 3) gommer la distance entre les agents publics et les salariés privés, en établissant une dénomination commune, et en déconstruisant les référentiels culturels et éthiques distinguant les activités dans leur nature.


Filion Normand | Atelier 4, Session D

Travailler en multi-centralité et en zones d’interstices, les lieux de la coordination
Le rapport à l’activité – quelle qu’en soit le type – est souvent analysé au plan individuel (articulation travail-famille, précarité, dispersion, etc.) ou systémique (mondialisation, managérialisation, dérèglementation, etc.) mais moins fréquemment sous l’angle des modes de fonctionnement de travailleurs collectifs, et a fortiori dans le cadre spatial et temporel qui structure leur activité coopérative et conjointe.
En faisant appel à une étude empirique réalisée dans 48 brigades territoriales de la gendarmerie départementale, la communication s’attardera à montrer qu’en situation d’intense activité la définition usuelle (et formelle) des espaces comme centres, marges et périphéries s’estompe au profit d’une toute autre caractérisation fonctionnelle. Ainsi, si les cadres spatiaux-temporels fournissent d’emblée une structure multi-centrée de l’activité de la brigade (accueil, bureaux, chambres de sûreté, etc.), la nécessité du travail impose parfois une réaffectation de la fonctionnalité – une autre rationalité – des zones mais surtout la mise en œuvre provisoire de zones interstitielles où se déroule les activités informelles de concertation. Car les gendarmes doivent résoudre une équation difficile : comment traiter collectivement et en coordination simultanée le public « tout venant », les victimes, les mis en cause, les gardés à vue, les témoins, les avocats, les médecins, les élus, etc., tout en évitant leur rencontre ? L’examen de la topologie des régulations collectives montre que l’organisation du travail collectif repose sur des redéfinitions des espaces où les zones formellement considérées comme secondaires, périphériques ou marginales (salles de repos, garages, couloirs, archives, etc.) deviennent des centres d’activités au même titre que les zones formellement centrales. Une autre figure du travailleur collectif émerge alors, celui d’un groupe devant assurer la coordination des actions multi-centrées dans une mobilisation des interstices de l’action collective spatialement située.


Flecher Claire | Atelier 6, Session B

Du flux et de la fidélité des marins de commerce au long cours
On peut lire dans le statut d’inscrit maritime mis en place sous Colbert les prémisses du statut de salarié tel qu’il s’imposera ensuite massivement dans les années 1970 (Friot, 2012). Assurant autant que possible paix sociale, stabilité et fiabilité d’une main d’œuvre a priori rare, ce statut est remis en cause à partir des années 1960 avec la généralisation des pavillons dits « de complaisance ». En ouvrant le marché du travail à l’international, ces derniers bousculent le système de régulation établi entre l’Etat, les armateurs et les salariés (Paradeise, 1985). En même temps qu’il s’ouvre, le marché se segmente. A la distinction traditionnelle hiérarchique s’institue une distinction entre deux grandes catégories de travailleurs : les officiers, derniers avatars blancs d’une main d’œuvre jouissant de droits liés à l’institution salariale, et les matelots et officiers inférieurs généralement issus de pays pauvres, employés au « spot », en free lance. Si cette segmentation reste sur certains points perméables, elle inaugure un éclatement de la relation d’emploi qui se traduit par la dissociation des liens entre marins, navires et armateurs qui peut s’analyser par un processus de dissociation entre le travail et le travailleur du fait d’un retour massif du marchandage (Jounin, 2006).
A partir des observations et entretiens réalisés lors d’embarquements et de documents personnels et professionnels, la communication s’attachera à présenter les conditions d’emploi des matelots et des officiers de la marine marchande. Elle cherchera à soulever les enjeux d’une internationalisation de la relation d’emploi qui permet de disposer d’une main d’œuvre, à moindre coût certes, mais surtout dont la mobilité est très contrôlée. Ce contrôle est justifié par des impératifs de flux, de sécurité et de sûreté. En effet, l’ouverture du marché du travail est une source de risque supplémentaire dans une activité dangereuse par définition. Elle nécessite donc de nouveaux outils dont l’objet est de fidéliser une main d’œuvre que l’on ne connaît pas, qui tourne entre différentes compagnies et navires, dans une activité qui a perdu de son attractivité.


Fleuriel Sébastien | Atelier 4, Session B

Instituer le travail d’exception : le cas du sport et de sa convention collective
Si l’on suit les présupposés véhiculés par la notion même de « dialogue de social », le rôle et l’intérêt d’une convention collective doivent se comprendre comme une élévation du cadre normatif de travail en tant qu’« avancée considérable du droit élaboré par les partenaires sociaux eux-mêmes » et donc aussi en qualité de « refondation sociale qui devrait permettre aux partenaires sociaux de reprendre la maîtrise de l’élaboration des règles en matière sociale » (Couturier, 2006 : 78). Appliquée à un univers, celui des activités sportives, qui n’avait pas de convention collective avant 2006, cette vision euphorique du dialogue social et conforme à la théorie des relations professionnelles (Bevort, Jobert, 2008) semble bien devoir servir les intérêts des travailleurs du sport (animateurs, cadres, techniciens, entraîneurs, pratiquants…) restés jusque-là sans références communes. C’est d’ailleurs bien dans cet esprit qu’un des principaux artisans de cette convention signait pour le collège patronal un article sous le titre « La convention collective nationale du sport : enfin ! » (Alaphilippe, 2006). Bien que tous les marqueurs de l’acquis social semblent ici réunis au profit du travail sportif, l’analyse des conditions d’élaboration de cette convention collective et des négociations auxquelles elle continue de donner lieu, permet de dresser un constat nettement plus nuancé de la réalité. Là où il est attendu qu’elle normalise à minima les règles du travail, il apparait qu’elle sert tout autant de cadre de référence pour instituer le travail sportif sous un régime d’exception situé non pas au-dessus du droit du travail mais à côté, voire en dehors, de celui-ci au motif de sa singularité. Dit autrement, le travail sportif n’étant pas perçu comme un travail comme les autres, la convention collective qui l’encadre en institue l’exceptionnalité et vient légitimer des formes d’emploi atypiques. La présente communication voudrait ainsi revenir sur le processus sociologique par lequel une production normative collective, en l’occurrence une convention, permet d’inscrire dans la règle des pratiques de travail singulières.


Florin Bénédicte, Troin Florence | Atelier 1, Session C

Les récupérateurs de déchets à Casablanca : l’inclusion perverse de travailleurs à la marge
Après un travail, mené depuis 2007, sur les pratiques professionnelles des chiffonniers du Caire et leurs stratégies d’adaptation ou de résistance à la réforme du système de gestion des déchets, nous avons initié, en 2011, un nouveau terrain sur les pratiques des récupérateurs de Casablanca : ayant peu communiqué ou publié sur ce terrain, il nous semble intéressant de pouvoir le présenter aux JIST. Ce travail se fonde sur des entretiens qualitatifs conduits auprès des bouâra (terme dérivé d’« éboueur ») qui sillonnent la ville, à pied, en charrette ou camionnette, pour y récupérer, avant le passage des camions-bennes municipaux, les déchets recyclables qu’ils transportent dans les golssas, espaces de travail et d’habitat spécifiques qui ont fait l’objet de relevés cartographiques.
Ces récupérateurs, du fait de leur activité liée au déchet et des caractéristiques de leur espace de vie, sont clairement à la marge et considérés comme tels. Pour autant, leur travail est étroitement imbriqué au secteur formel qui fonctionne grâce à cette main-d’œuvre à bas prix dans une forme d’ « inclusion perverse » où l’exclu est pourtant à l’intérieur du système (Sawaia, 1999). D’autres bouâra récupèrent sur la grande décharge de la ville — qu’ils délestent d’une partie de ses déchets — où ils sont tolérés par les pouvoirs publics.
Nous analyserons dans notre communication les relations entre les acteurs (récupérateurs, secteur privé et pouvoirs publics) en mettant en exergue ce qui, dans les pratiques professionnelles et les façons de faire, brouille les frontières entre le formel et l’informel. La dimension spatiale — itinéraires des récupérateurs et des déchets, configurations de leurs espaces de vie/travail — appuiera également notre propos.


Fortané Nicolas | Atelier 4, Session C

Les marges au cœur : ethnographie du travail d’expertise. Ou comment des acteurs et des savoirs périphériques se sont progressivement retrouvés au centre d’un processus normatif
Cette proposition de communication s’inscrit dans le cadre d’une sociologie de l’expertise et de la production normative. Elle repose sur une enquête ethnographique menée pendant 18 mois auprès d’un groupe d’experts de l’Anses en charge de la rédaction d’un rapport sur les risques liés à l’utilisation du médicament vétérinaire. Le matériau empirique se compose d’une centaine d’heures d’observation, d’une dizaine d’entretiens et d’un corpus de documents internes au groupe de travail (courriels, versions successives du rapport, données intermédiaires, etc.).

L’objectif est de montrer comment s’est progressivement aménagé le travail d’expertise et de production normative, à la fois en termes d’organisation collective (recrutement des experts, définition des règles de fonctionnement, composition des sous-groupes de travail, etc.) et sur le plan de l’activité pratique des experts (division du travail scientifique et rédactionnel, maîtrise de la controverse et production du consensus, etc.). Le cas étudié permet d’observer la façon dont des acteurs et des savoirs au départ marginalisés par un ensemble de règles et de protocoles prédéfini se sont finalement imposés au cœur du travail d’expertise, dans la mesure où c’est à travers eux que s’est construite la dimension centrale du rapport final.

La lettre de saisine qui a amené à la formation de ce groupe de travail fin 2011 appelait à une « évaluation scientifique et technique » des risques liés à l’usage des antibiotiques en élevage et commandait la production de nouvelles normes d’utilisation du médicament vétérinaire. L’Anses a ainsi majoritairement recruté des chercheurs en microbiologie, pharmacologie et épidémiologie pour conduire l’expertise. Mais il a également été jugé utile, en fonction notamment d’un contexte politique et institutionnel particulier (mise à l’agenda public du problème de l’antibiorésistance) de sélectionner quelques vétérinaires de terrain, spécialistes des différentes filières animale, pour amener une « expérience professionnelle » dans le travail d’expertise et de production normative. Ces experts « praticiens » étaient sensés aider les experts « scientifiques » à identifier et répertorier les usages concrets (ou « réels ») du médicament vétérinaire, que les systèmes de suivi et de surveillance de la consommation d’antibiotiques ne permettent pas de mesurer pleinement. Leurs savoirs, d’abord périphérique et limités à une fonction d’ajustement à la marge de l’évaluation scientifique et technique, se sont progressivement déplacés au cœur du processus d’expertise, à tel point que sa logique s’en est trouvée inversée. La notion de risque, objectif et quantifiable, a été remplacée par celle de « pratiques à risques », visant à évaluer et « normer » les usages concrets des antibiotiques en médecine vétérinaire dans une perspective qualitative. Un nouveau protocole méthodologique a été mis en place et a permis aux experts « praticiens » d’occuper une place centrale dans le groupe de travail, tant au niveau de l’organisation collective que des tâches et des activités pratiques du collège d’experts. Le rapport final fait ainsi la part belle à ces vétérinaires de terrain et leurs savoirs professionnels, tandis que les connaissances académiques des chercheurs sont limitées à cette fonction d’ajustement à la marge du travail d’expertise, tant au niveau de l’évaluation des risques que de la production de nouvelles normes d’utilisation du médicament vétérinaire.

Au total, à travers une ethnographie des experts au travail, on aura montré la tension structurante entre le cœur et les marges d’une activité singulière, qui se donne à voir à travers une approche processuelle et pragmatique du travail d’expertise mais s’explique également par les contraintes politiques et institutionnelles qui pèsent sur la production de normes de régulation des risques.


France Pierre | Atelier 1, Session C

Esquisse d’une socio-histoire du pourboire
Le pourboire a été surtout étudié par les économistes et les psychologues sociaux, les uns cherchant à comprendre quel calcul effectue le client en laissant un pourboire, les autres quels facteurs le favorisent ou non. En sociologie, cette question a été très rarement abordée et souvent posée différemment, centrée sur l’analyse du jeu pour susciter le pourboire, ce que décrivent par exemple Rachel Sherman , et Fred Davis . Si de récentes études ont pu montrer toute la complexité et la fécondité de la question, notamment celle de Gabrielle Pinna et Léonie Hénaut , son histoire, le cas d’autres situations que celles traditionnellement étudiées (hôtels et restauration), et enfin le discours des donneurs de pourboire, restent largement à étudier. On aimerait exposer dans ce papier le cas de l’histoire du pourboire dans le secteur des « ouvreuses » des salles de cinéma, théâtre, et concert. On aborderait notamment l’histoire des luttes sociales où le pourboire a été un élément, et des entrepreneurs de morale qui ont voulu (et veulent parfois encore) le faire disparaître. On aurait recours pour cela aux archives, notamment des syndicats, à des journaux culturels du XIXe-XXe, et des débats législatifs.
Ensuite, basé sur deux ans d’observation participante dans une salle de concert parisienne ainsi que sur une vingtaine d’entretiens, ce papier aborderait aussi l’analyse de plusieurs situations différentes où le pourboire est impliqué, notamment la différence entre plusieurs salles où il est soit interdit, soit toléré, soit rétribution principale. Enfin, on aborderait aussi le discours des salariés, mais aussi des clients (plus rarement analysés), à propos de ces interactions délicates, tant elles sont chargées d’indicible.


France Pierre | Atelier 7, Session D

Petit boulot de luxe et marge supérieure de l’emploi étudiant : les ouvreurs d’une salle de concert parisienne
A partir d’un terrain ethnographique de deux ans dans une salle de concerts de musique classique, au poste d’ouvreur, cette communication viserait à analyser le « rapport enchanté » qu’entretiennent ce groupe de salariés à leur travail. Petit métier des salles de concert, les ouvreurs sont situés tout en bas de la hiérarchie de ces entreprises culturelles, et ne bénéficient pas d’un salaire supérieur à d’autres « petits boulots » déjà étudiés en sociologie du travail (notamment celui d’hôtesse d’accueil , la comparaison étant d’autant plus intéressante que les salariés relèvent ici d’une de ces agences, à laquelle cette tâche a été externalisée). Cependant, ils se considèrent largement comme très favorisés, et s’imaginent occuper le haut de l’ « espace des petits boulots ». Cette communication montrerait comment les salariés sont amenés à se penser de cette manière particulière, sur quoi repose leur rapport subjectif à ce travail : on aborderait pour cela la situation de travail (proximité avec le luxe, possibilité d’écouter les concerts), les profils sociaux (beaucoup d’étudiants dans les domaines artistiques et culturel) et la « carrière dans les petits boulots » qu’ont pu effectuer ces étudiants (celui-ci étant souvent le dernier avant un travail salarié à temps plein, celui dans lequel ils restent le plus), qui induit un rapport subjectif très particulier à cet emploi (largement idéalisé parce qu’il fait l’objet de comparaisons implicites ou explicites avec d’autres emplois étudiants).


Frau Caroline | Atelier 3, Session B

Commerçant et syndicaliste : l’organisation en maisonnée boutiquière comme condition d’engagement militant
Cette communication propose d’étudier l’imbrication du travail professionnel, domestique et militant dans des configurations relationnelles spécifiques, celles des maisonnées boutiquières de commerçants, les buralistes.
La maisonnée désigne des liens créés par la coopération productive rassemblant différentes personnes, le plus souvent apparentées, autour d’une cause commune. Pour une large partie du groupe étudié, l’activité commerciale bénéficie des ressources et des compétences des membres de la maisonnée, que ce soit, par exemple, pour remplacer le commerçant derrière le comptoir ou pour réaliser la comptabilité du commerce hors de l’espace géographique de la boutique. Ce décloisonnement s’observe aussi par un « débordement » de la sphère familiale sur le travail, l’espace géographique de la boutique ne constituant pas seulement un lieu de coopération productive, mais également un lieu de quotidienneté, d’autant plus lorsque le commerce se situe dans le même bâtiment que le lieu d’habitation.
Le syndicalisme des buralistes ne prévoyant pas de dispositifs pour remplacer l’élu dans son travail professionnel, l’engagement militant n’émerge que chez ceux qui sont organisés sous cette forme spécifique et dont un apparenté peut prendre en charge une partie du travail professionnel. Chez les buralistes travaillant en couple, on observe une division genrée du travail avec des hommes qui s’investissent dans des activités publiques alors que les femmes tiennent la boutique et réalisent les activités invisibles du militantisme. La famille est alors un véritable cens caché du militantisme petit patronal.
Cette analyse prend appuie sur les résultats de ma thèse « Agir sur un marché contesté. Une sociologie politique du groupe professionnel des débitants de tabac ». Elle mobilise différents matériaux, notamment pour cette communication, des entretiens, des séquences d’observation et d’observation participante.


Frisque Cégolène | Atelier 2, Session A

L’expansion des statuts instables dans le journalisme : entre précarisation, invisibilisation et migration vers l’indépendance

Cette proposition vise à interroger les effets de la multiplication des statuts instables dans le journalisme, habituellement largement sous-évaluée, en questionnant l’invisibilisation voire la dénégation des formes de précarisation de la profession que cela induit, et les enjeux de la nouvelle translation vers une logique de prestation de service, avec le statut d’autoentrepreneur.
Cette analyse s’appuie sur une recherche (Frisque et Saitta, 2011), financée par le DEPS et la MSHB, sur les formes d’instabilité dans le journalisme et les modes d’adaptation individuels à celles-ci. Elle comporte une exploitation secondaire des données de la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) de 2000 à 2009, confrontées à d’autres sources statistiques (PCS INSEE, Audiens, Pôle emploi…), 40 entretiens approfondis avec des journalistes non-permants, exerçant dans différents secteurs de la presse écrite, et un large travail documentaire sur les statuts d’emploi, leur encadrement juridique, leurs usages, les positionnements des syndicats et associations sur le sujet… Cette recherche a permis de dessiner une vaste constellation de journalistes « instables » : pigistes, contrats à durée déterminée, contrats de professionnalisation ou d’apprentissage, demandeurs d’emploi, correspondants locaux de presse professionnalisés, rédacteurs payés en droits d’auteur ou comme auto-entrepreneurs, formant d’après nos calculs un ensemble de 38% d’ « instables » sur 48500 journalistes (au delà des 21% des 37000 encartés mentionnés habituellement).
Pourquoi cette précarisation est-elle largement invibilisée voire déniée, à travers les données chiffrées utilisées, la valorisation symbolique du statut de pigiste ou le refus patronal de la notion de précarité ? Quel est l’impact de l’utilisation massive du statut d’auto-entrepreneur dans le rapport au travail et à l’emploi ? Quels sont les effets de ces processus sur le travail des journalistes, stables et instables ?


Barbier Pascal, Fusulier Bernard | Atelier 1, Session D

Parentalité et rapport au travail. Quelques éléments à partir d’une enquête auprès de jeunes chercheurs en Belgique
L’arrivée d’un enfant produit des effets opposés sur les carrières des hommes et des
femmes. Tendanciellement, la naissance d’un enfant altère le statut d’emploi des femmes (diminution du temps de travail, sortie de l’activité) tout en augmentant leur charge déjà importante de travail domestique (Garner, Méda et Senik, 2005). A l’inverse, ce même évènement favorise les hommes du point de vue du salaire et de la carrière (Singly, 1984 ; Gadéa, Marry, 2000), sans véritablement bouleverser leur investissement en termes de temps de travail domestique. Fondés sur des recherches quantitatives, ces résultats sont désormais connus et participent à la fois au débat sociologique et à l’élaboration des politiques publiques. Toutefois, ils étudient la relation entre parentalité et activité professionnelle sous le seul registre de l’emploi et de la division inégalitaire des tâches domestiques. La relation entre la parentalité et le rapport au travail est en revanche resté dans un angle mort. Or, on sait que ces deux rapports (au travail et à l’emploi) s’imbriquent pour produire un certain type d’intégration sociale (Paugam, 2000). Notre propos est d’explorer cette
interférence famille/travail à partir d’une enquête par entretiens (30 individus rencontrés tous les ans pendant trois ans) auprès de jeunes chercheurs en cours d’insertion dans la carrière scientifique en Belgique. Chez ces chercheurs engagés dans une activité professionnelle « gourmande » en temps et en énergie à un moment de leur existence (29-39 ans) où ils élaborent des projets familiaux, ce lien
apparaît de deux manières. En effet, chez eux, la parentalité affecte, d’une part, le degré et les modalités d’investissement dans le travail. Elle les conduit à intensifier et/ou rationaliser leurs temps passés au travail, à séparer de manière étanche temps travaillés et temps « libres » ou au contraire à perturber durablement leur engagement au travail en fabriquant un tiraillement très fort entre nécessité de produire et nécessité de reproduire. La parentalité affecte, d’autre part, leur expérience
subjective du travail : elle peut les conduire à relativiser les échecs, à mettre à distance les difficultés ou au contraire à dramatiser les enjeux de réussite. Et cela n’est pas sans conséquence dans un milieu hautement compétitif où l’appréciation de sa propre performance est centrale et source de difficultés. Il est évident que la question du genre ne peut-être omise, même si elle n’est pas ici la première posée.
En somme, à travers cette communication nous montrerons, d’une part, que la parentalité n’exerce pas seulement des effets sur l’emploi des individus (temps de travail, salaire, carrière) : elle exerce aussi des effets sur le rapport au travail. Et, d’autre part, que l’arrivée d’un enfant et l’engagement dans une vie de famille n’est pas seulement la source de conflits et de difficultés (jeu à somme nulle
voire négative). Elle peut aussi, en certaines circonstances, être la source d’un enrichissement de la sphère privée et de la sphère professionnelle dans un jeu à somme positive.


Navigation

Nos partenaires


1 site référencé dans ce secteur

Statistiques

Dernière mise à jour

vendredi 27 juin 2014

Publication

38 Articles
Aucun album photo
Aucune brève
10 Sites Web
2 Auteurs

Visites

0 aujourd'hui
0 hier
70320 depuis le début
2 visiteurs actuellement connectés