M

lundi 10 février 2014
par  Fleuriel Sébastien
popularité : 99%

A | B | C | D | E - F | G - H - I | J - K | L | M | N | O - P | Q - R | S | T - U | V | W - X - Y - Z


Maciel | Mahieu | Mahieux | Mainsant | Maira Vidal | Makiese | Mallet | Mangin | Marcato | Martinelli | Martinez Eleo. | Martinez Est. | Massot-Bordenave | Matus | Mayer | Mben Lissouk | Mélon | Menezes | Menoux | Messaoudi | Michon | Mignot-Gérard |Miguel | [Mithout | Moeneclaey | Molina | Molis | Mondon-Navazo | Moneta | Monin | Montes | Moré | Moulevrier | Munoz |


Maciel Lidiane | Atelier 9, Session D

La invisibilidad de los trabajadores rurales de los citricos en Sao Paulo - Brasil
Cette propositions de travail les conditions de vie des travailleurs dans la culture de agrume (Citrus) dans l’État de São Paulo, Brésil. L’étude est qualitative et quantitative, aussi utilisant les données de la RAIS (Indicateurs Sociaux – Ministère du Travail, Brésil) et des entrevues qualitatives menées dans les années 2009 à 2013 dans les villes de Matão, État de São Paulo, et Jaicós, État de Piauí. Au cours des quarante dernières années l’industrie des orange en São Paulo renforcée en raison de l’entrée en marché international qui achète quatre-vingts percente de sa production. Le Brésil est responsable de cinquante pour cent de l’offre sur le marché mondial. L’industrie a créé un solide marché du travail qui nécessite beaucoup de travail peu qualifié. Devant le refus de la population locale de faire ce type de travail, en l’année 1990 des entreprises a commencé à embaucher des travailleurs d’autres États brésiliens. Dans ce contexte, les petites villes de São Paulo reçoivent chaque année un nombre important de travailleurs migrants. Ces travailleurs dans les quartiers sont très visibles dans les villes, et souffrent préjugés, la discrimination et sont stigmatisées. Aussi, les travailleur sont souvent accusés d’être responsables pour les élevés taux de violence dans la ville. Mais, ils par leur travail sont responsables pour la richesse du secteur et ils sont peu reconnus par cet aspect. Il y a un processus qui met les travailleurs dans une situation de visibilité et d’invisibilité. En Jaicós – Piauí, la situation de vulnérabilité de la population à met dans les réseaux migratoires, on observe la formation d’une main-d’œuvre mobile dans cette ville, qui refuse le processus de migration définitif, les travailleurs préfèrent maintenir les allées et venues constantes. Ces travailleurs font partie du processus général de la société capitaliste qui exclut eux pour inclure, et l’invisibilité dans ce cas est une stratégie utilisée par les entreprises pour intensifier l’exploitation du travail.


Mahieu Céline, Godin Isabelle | Atelier 7, Session C

Jeux sur les normes et figures de l’informalité dans les petits commerces
Les petites entreprises jouent un rôle de marché du travail de transition pour certaines catégories de travailleurs situés aux marges des normes dominantes de l’emploi : les jeunes, les femmes et les travailleurs âgés (Bentabet, 2008). D’après les observations que nous avons menées dans le secteur du commerce bruxellois (entretiens qualitatifs, administration de questionnaires et observations in situ), ces petites structures peuvent en outre constituer un important espace d’insertion professionnelle pour d’autres catégories de travailleurs marginalisées par le fonctionnement actuel du marché du travail central : les personnes d’origine immigrée et les personnes peu qualifiées peuvent s’y intégrer en adoptant le statut d’indépendant ou via des réseaux familiaux ou ethniques actifs dans le commerce. Cette marginalité des catégories de travailleurs du petit commerce va de pair avec des conditions de travail et d’emploi inférieures à celles rencontrées dans d’autres secteurs et avec une occultation des conflictualités salariales (Bouchareb, 2010). Il s’agit donc d’un espace où les travailleurs – indépendants, employeurs, salariés, travailleurs au noir – évoluent en permanence aux frontières du formel et de l’informel.
L’analyse et la comparaison des cas rencontrés au cours de notre enquête exploratoire nous amènera à proposer une cartographie des figures que prend cette tension entre informel et formel dans le petit commerce. Elle nous conduira en particulier à examiner les conditions dans lesquelles les travailleurs parviennent ou non à se saisir des contradictions que cette tension engendre : dilution des frontières entre temps libre et temps travaillé ; confusion entre rapports de travail et sociabilités familiales et/ou communautaires ; entremêlement des espaces publics (trottoir, devanture, parkings, etc.), des espaces de travail, et des espaces dédiés à la vie privée ; brouillage des limites entre activités liées au travail et activités liées aux loisirs ; flou autour des formes et de l’application des contrats de travail ; porosité des rôles et des alliances entre clients, employés et employeurs.


Dressen Marnix, Mahieux Christian | Atelier 11, Session B

Une semaine de grève chez European Cargo Rail. Quand les cheminots sans « statut » se rebellent
Dans la suite des conflits en 2008 et 2009, en 2013, après quatre grèves éparses, une majorité des 2000 salariés d’Euro-Cargo Rail (ECR dans la suite du texte), se lançait dans plusieurs jours de grève à partir de la mi-octobre. Cette grève a relativement peu retenue l’attention des médias. Elle constitue pourtant un phénomène significatif pour qui s’intéresse au monde ferroviaire et à ses restructurations. Voici pourquoi : ECR est une filiale de la Deutsche Bahn (l’opérateur historique allemand) et est le plus important de la quinzaine de « nouveaux entrants » qui, à la faveur de l’ouverture des marchés du transport de marchandises par rail, sont venues concurrencer la SNCF en France à partir de 2005 (la SNCF essayant symétriquement de conquérir des parts de marché à l’étranger).
Evidemment, le personnel des nouveaux entrants ne bénéficie pas du « statut du cheminot » à la différence des personnels employés directement par l’Etablissement Public Industriel et Commercial SNCF.
Plus même, six ans après l’embauche des premiers cheminots privés, ceux-ci ne disposent toujours pas d’une convention collective. Ils ne sont protégés des abus patronaux que par quelques accords de branches qui se sont révélés en net retrait sur les droits dont bénéficient les cheminots de la SNCF. C’est particulièrement vrai d’un accord collectif sur le temps de travail pour les conducteurs de train qui prévoit des horaires plus longs, des repos hors résidence et des week-ends travaillés plus nombreux, etc. La faiblesse relative des organisations syndicales dans le ferroviaire privé ne favorise d’ailleurs pas l’application des dits accords et ici ou là, l’inspection du travail est abondamment sollicitée. On peut faire l’hypothèse que l’intensité du travail et le peu d’égard des employeurs pour les conditions de travail et le respect des temps de repos, tout particulièrement dans certaines régions, ont contribué à déclencher la grève du mois d’octobre dernier.
Une de nos hypothèses est que la conflictualité dans ce nouveau monde du chemin de fer doit être pensée en même temps que la conflictualité à la SNCF qui elle est très médiatisée et prend souvent la forme de journées d’action ; elle ne peut être détachée non plus de la conflictualité dans des secteurs comme les entreprises ferroviaires du nettoyage ou de la restauration par exemple. En somme, le coeur du monde cheminot historique est notamment fragilisé par ses marges (la politique de filialisation, de sous-traitance, mais aussi par la liberté d’agir reconnue aux nouveaux entrants) et ces derniers ne peuvent être concurrentiels par rapport à l’opérateur historique qu’en accroissant la productivité et en réduisant les avantages sociaux de leurs salariés, ce qui contribue au déclenchement de ce type de conflits.
Nous nous proposons dans cette communication de présenter le monde du ferroviaire privé sous l’angle des conflits qui le traversent réellement quoique discrètement depuis plusieurs années. Puis nous nous analyserons le conflit ECR de manière serrée (déclenchement, conduite et aboutissement provisoire) en analysant le jeu des acteurs (syndicaux, patronaux et étatiques). Nos sources seront imprimées ou numériques (tracts, coupures de presse, blogs, sites Internet) et des entretiens (avec des syndicalistes, des managers, des avocats, des inspecteurs du travail et avec des grévistes).


Mainsant Gwénaelle | Atelier 4, Session D

Les effets des réformes de « modernisation » de la police Réappropriations contrastées à l’échelle de deux « brigades des mœurs »
Participant de la vague de « modernisation de l’Etat », les principales mesures de la réforme des corps et carrières, et des modes de gestion de la police nationale ont œuvré dans le sens d’une rationalisation gestionnaire du travail policier. Dès le milieu des années 2000, pour rationnaliser l’institution policière, il faut améliorer l’efficacité et l’efficience des services de police et évaluer leurs résultats. La rationalisation porte à la fois sur l’activité (adopter une logique de gestion par objectifs, rendre quantifiables les tâches), sur les trajectoires professionnelles (rendre les policier-e-s polyvalents, interchangeables et donc accroitre la mobilité intra professionnelle) et sur l’organisation elle-même (redéfinir les fonctions des différents corps de police, leurs proportions respectives en diminuant le corps encadrant et en augmentant le corps d’exécution – renforçant ainsi les rapports hiérarchiques au sein de la police).

Si les effets des réformes de « modernisation » de la police ont été étudiés dans le cas emblématique du commissariat de sécurité publique ou à l’échelle d’une profession, les commissaire , l’investigation mériterait d’être prolongée, justement sur les services d’investigation. En effet, les services chargés de lutter contre le proxénétisme, l’Office central de lutte contre la traite contre les êtres humains (OCRTEH) et la Brigade de répression du proxénétisme (BRP), en raison de leur histoire longue et de leur statut de service d’élite en police judiciaire, présentent a priori plusieurs caractéristiques les plaçant à l’opposé des principes mis en œuvre par les réformes de « modernisation » :
-  (1) au niveau de la culture professionnelle et des temporalités, centrale dans la définition de l’activité : dans les services d’élite de la police judiciaire, le temps d’investigation long est un principe de distinction venant se s’opposer à l’idée d’un rendement, quantifiable de court terme, de l’activité policière en termes de garde-à-vue ou d’affaires résolues).
-  (2) au niveau des trajectoires professionnelles : alors que ces réformes visent à faire des policiers des généralistes de l’activité de police qui changent de postes tous les trois ans, les « flics des mœurs » ont des carrières de « spécialistes » dans la « PJ », restent longtemps à leur poste, valorisent l’acquisition lente de savoir-faire professionnels et d’une « intelligence du milieu » pour reprendre les termes de Dominique Monjardet.
-  (3) au niveau du recrutement : quand, selon les dernières réformes, les modalités de recrutement doivent être décidées au niveau des commissaires, les policiers des « mœurs » privilégient la cooptation entre pairs, c’est-à-dire à l’échelon des officiers, l’interconnaissance est défendue comme garante du maintien d’une culture professionnelle et du travail bien fait.
Parce que ces services apparaissent orthogonalement opposés à ces réformes, la mise en œuvre de ces réformes engage nécessairement des adaptations, des reconfigurations et des résistances. Or en dépit du fait qu’ils soient visés par les mêmes dispositifs publics de rationalisation gestionnaire du travail et de réorganisation hiérarchique pyramidale, ces deux services de police ont connu des évolutions significativement différentes au cours de ces dernières années. L’analyse des effets des réformes dans deux services de police permettra de mettre au jour leurs réappropriations différenciées tant au niveau des trajectoires professionnelles des policier-e-s accédant à ces services que du travail, prescrit et concret, et de montrer comment ces réappropriations différenciées s’expliquent par les formes de légitimité distinctes sur lesquelles reposent ces deux services de police – pourtant très proches.

Cette communication s’appuiera sur des observations du travail et de ses coulisses, des entretiens avec des policier-e-s et des documents professionnels rassemblés durant des terrains ethnographiques de trois puis huit mois à la brigade de répression du proxénétisme et de un mois à l’OCRTEH ; l’ensemble de ces matériaux a été rassemblés entre 2006 et 2008.


Maira Vidal Maria Del Mar | Atelier 5, Session C

Femmes dans des mondes d’hommes : les frontières de la ségrégation sexuelle et les stratégies d’accès. Le secteur des garages de réparation et d’entretien de véhicules motorisés.
Une des pierres angulaires de la société capitaliste et patriarcale est la division sexuée du travail, dont nous trouvons de nombreux cas dans le monde du travail salarié. Ainsi, tout au long de l’histoire, les différents postes de travail ou tâches ont été classés par sexe, conformément à la détermination des capacités ou des différences entre les genres.
C’est ainsi que le taux d’emploi chez les femmes, en Espagne, a augmenté au cours des dernières décennies, principalement dans les secteurs les plus féminisés (éducation, santé, etc.) plutôt que dans ceux qui sont très masculinisés. La conception essentialiste du genre est donc toujours institutionnalisée dans les comportements individuels, dans le système éducatif, dans les entreprises, etc.
Il est donc essentiel d’identifier les facteurs qui continuent à reproduire cette ségrégation professionnelle afin de la surmonter. Pour cela, il est important d’étudier les parcours professionnels de femmes dans des métiers très masculinisés, ainsi que les formes de résistance des chefs d’entreprises et des salariés qui s’y opposent et les caractéristiques des secteurs et des entreprises où ces faits se produisent.
En ce sens, la ségrégation en fonction du genre est très visible dans certains secteurs professionnels comme les ateliers de réparation et d’entretien de véhicules (mécaniciens, tôliers, carrossiers, etc.), où la proportion de femmes employées est très faible, à l’exception des secrétaires administratives. Ainsi, en Espagne, au début du XXIème siècle, en 2001, 95% des mécaniciens et ajusteurs de machines et 96% des chefs d’ateliers de véhicules motorisés étaient des hommes
Partant de ce constat, la communication « Femmes dans des mondes d’hommes : obstacles et stratégies d’accès. Le secteur des garages de réparation et d’entretien de véhicules motorisés. » prétend transmettre une partie des résultats obtenus jusqu’à présent par le projet « Femmes dans des mondes d’hommes : obstacles et stratégies d’accès. » (Réf. : FEM2011-25228), financé par le Plan National I+D+i du Ministère espagnol de l’Economie et de la Concurrence et mené à bien entre janvier 2011 et décembre 2013.


Ibáñez Marta, Ballesteros Esmeralda, Belén Fernández Ana Casado, Maira Vidal María del Mar, Narocki Claudia | Atelier 9, Session A

Des femmes dans des mondes d’hommes. Comment surmonter les frontières de la ségrégation sexuelle dans six domaines professionnels, en Espagne ?
La division sexuée du travail, pierre angulaire de la société patriarcale, persiste dans le travail salarié. Après plus de 30 ans de politiques actives pour l’égalité dans l’emploi, la ségrégation sexuelle est toujours présente dans la plupart des métiers et c’est l’un des facteurs qui expliquent le mieux les écarts de salaire entre les hommes et les femmes.

Le groupe de recherche « Des femmes dans des mondes d’hommes » vise à comprendre les parcours professionnels de femmes dans des emplois traditionnellement occupés par les hommes car, grâce à leurs histoires de vie, nous pouvons analyser les facteurs ou acteurs sociaux qui s’avèrent positifs ou négatifs dans ces processus. Concrètement, nous présentons les premiers résultats d’une recherche financée par le Plan National espagnol d’I+D+i (MICINN-12-FEM2011-25228) où sont explorés les parcours professionnels de femmes dans cinq professions très masculinisées : peinture en bâtiment, réparation d’automobiles, réparation d’ordinateurs (hardware), policiers et gardiens de sécurité, pilotes d’avions et conducteurs de trains. Les entretiens détaillés de ces femmes sont accompagnés du point de vue des chefs d’entreprises et des salariés masculins, dans le but de comprendre les processus de changement du patriarcat et, plus spécialement, d’identifier les facteurs qui contribuent à la réussite de cet objectif.

À cette étape de la recherche en cours, nous avons déjà élaboré des parcours professionnels typiques (Idéal-type de Weber) des femmes exerçant ces métiers très masculinisés. Dans ces parcours, les normes de formation et l’accès à l’emploi ont eu une grand importance, différente selon la structure d’entreprise de chaque profession (c’est le cas des femmes pilotes d’avion, employées majoritairement par Iberia, ou des conductrices de trains qui travaillent toutes dans la compagnie de chemins de fer nationale). Au-delà de l’importance considérable des contextes institutionnels, le profil humain de l’emploi est aussi un facteur très explicatif, c’est-à-dire le type de collègues, de chefs et de clients dans chaque activité ; de même que l’ensemble des comportements face au travail et l’attitude visant la conciliation du travail et de la vie personnelle chez ces femmes.


Makiese Flavien | Atelier 5, Session D

Informalité d’emplois urbains en période de crise structurelle :Le cas de la République Démocratique du Congo
Les formes d’emplois considérées comme « atypiques » dans les pays du nord sont devenues la norme dans les pays du sud, comme la République Démocratique du Congo, en proie à une crise multiforme, depuis plus de trois décennies. Face au chômage et à la pauvreté exacerbée par divers événements sociopolitiques subis par leur pays, les Congolais développent des mécanismes de survie par l’exercice d’emplois informels occupant plus de 70% de la population active. Loin d’être un épiphénomène, l’informalité d’emplois est un fait social structurel dans ce pays. Elle concerne autant les pauvres que les non pauvres. Les diplômés sans emplois, les fonctionnaires et les employés d’entreprises privées formelles, à la recherche de revenus complémentaires, et même certains hauts cadres de la République, se livrent à l’exercice d’activités informelles. On assiste donc à la combinaison du formel et de l’informel qui suscite plusieurs questions. Si les pauvres trouvent dans l’informel de quoi survivre, d’autres acteurs y gagnent des revenus non négligeables, l’informel devient même une source d’enrichissement personnel pour certains. Fields (2005) soutient qu’il existe dans les marchés du travail informels urbains des pays en développement « une catégorie supérieure » et « une catégorie inférieure ». A la suite de cet auteur, et par une approche segmentationniste, ce papier voudrait s’intéresser à la catégorie supérieure de l’informel en RD Congo, dont le niveau d’activités se rapproche du formel. L’idée est de comprendre les motivations et les stratégies des acteurs situés dans cette niche ; et d’étudier le potentiel de performance contenu dans leurs activités, à l’aide des données statistiques de l’enquête 1-2-3. A travers le cas de ce pays, la communication se propose d’apporter une contribution à la connaissance des mécanismes qui poussent au déploiement des informalités et à la façon de penser les frontières entre le formel et l’informel, comme y incite l’Axe II du colloque.


Mallet Isabelle | Atelier 11, Session B

Management et rationalisation gestionnaire à la SNCF
C’est à travers la création de RFF en 1997, Réseau Ferré de France, sous tutelle d’Etat, que l’on a assisté à l’émergence de dispositifs (rationalisations) gestionnaires à la SNCF, dont les normes font référence à la dynamique économique européenne, soit la libéralisation globale du marché ferroviaire.
En termes de conséquence sur les relations professionnelles, l’emploi et les conditions du travail pour les salariés, la SNCF subit depuis 1997 une restructuration continue. D’une part, l’émersion des paquets ferroviaires entre 1991 et 2004 déclinés en directives souligne l’impact de la concurrence au sein de tous les réseaux européens. C’est pourquoi, nous constatons que la baisse du recrutement des agents statutaires au profit des salariés de droit privé est exponentielle depuis les années 2000. D’autre part, les cadres sont particulièrement confrontés à des processus de rationalisation de leur activité (pratiques managériales normées : e-learning), au cours desquels les dimensions exécutoires et productives s’intensifient sous le prisme d’une culture de résultats (évaluation du travail). A contrario, les partenaires sociaux, peu habitués au cours de l’Histoire à intervenir sur le terrain de la gestion, se heurtent à la rationalisation gestionnaire, qui par nature s’avère antinomique au regard de la négociation collective. En ce sens, leur interrogation ou leur crainte porte sur le démantèlement progressif de la SNCF, soit la fin du secteur public et par là même, l’éradication du rôle du syndicalisme à moyen terme dans le champ social.


Largier Alexandre, Mangin Bertrand | Atelier 4, Session D

Recompositions des centres et des frontières à la SNCF : marginalisation et revalorisation de catégories d’acteurs
Depuis les années 1960, la SNCF s’inscrit dans un processus de transformation ayant pour objectif l’équilibre financier et une autonomie de gestion, et ce, en important au fur et à mesure des années, des modèles d’organisation et de fonctionnement issus du secteur privé. La création de Réseau Ferré de France en 1997 prenant en charge la gestion du réseau ferroviaire national ainsi que l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de marchandise, rend ce processus plus prégnant aujourd’hui. Ces transformations modifient ce que sont les frontières et les centres de l’entreprise et conduisent à une évolution des métiers, des activités et des logiques d’action. Dans cette perspective, nous proposons d’analyser comment les processus de marginalisation et de valorisation de collectifs, dont la compréhension s’avère indissociable d’une analyse des évolutions de l’institution, se manifestent au sein de la SNCF comme un construit social dynamique.
Notre communication visera dans un premier temps à interroger le processus de revalorisation concernant la population des commerciaux du Fret ferroviaire dont l’activité, du fait de sa dimension marchande, était jusqu’alors marginalisée au sein de l’entreprise. Aussi s’agira-t-il d’analyser les modalités d’expression ainsi que les limites de ce processus de valorisation de ces acteurs placés en situation d’interface notamment avec les clients, et ce, à l’aune des transformations institutionnelles de la SNCF.
Dans un second temps, nous nous attacherons à montrer la manière dont ces mêmes transformations institutionnelles participent à la création de nouvelles frontières internes et de nouvelles marginalisations de collectifs. La question que nous soulèverons est la suivante : dans quelle mesure la structuration par activité de l’entreprise contribue-t-elle au développement d’objectifs contradictoires entre les unités chargées de l’exploitation du réseau et celles en charge de sa maintenance. Cette contradiction pouvant conduire à la marginalisation de certains acteurs de la maintenance ferroviaire, comme par exemple les caténairistes.
Ainsi, nous nous appuierons sur ces deux cas afin d’appréhender ce qui fait centres et frontières au sein de la SNCF à travers l’analyse des processus de marginalisation et de valorisation des caténairistes et des commerciaux. Ces processus résultent selon nous essentiellement de l’hybridation entre modèles industriel et serviciel traversant cette entreprise.


Marcato Ricardo | Atelier 8, Session B

Formes de résistance et d’adaptation professionnelle au paradigme de l’"activation"
Cette communication aborde le sujet des marges du travail à partir du cas de l’intermédiation entre le marché de l’emploi et les jeunes en difficulté d’insertion. À l’aide d’une recherche menée entre la France et l’Italie, je propose d’analyser les formes de résistance et d’adaptation au nouveau paradigme dit « de l’activation ». Il s’agira de mettre en lumière les formes d’ajustements entre d’une part l’activité traditionnelle des groupes professionnels et, de l’autre, les formes d’innovation centrées sur l’« employabilité » comme critère d’évaluation de leurs pratiques. L’hypothèse porte sur l’employabilité comme norme novatrice : elle tendrait à réduire l’insertion professionnelle à un fait relevant de la stratégie rationnelle d’un homo eoconomicus— même si, dans leur activité quotidienne, les professionnels comprennent l’insertion en tant que processus plus large ayant trait à différentes dimensions de la vie de la personne. L’opposition entre « tradition » et « innovation » constitue ainsi un enjeu, posant l’employabilité comme vectrice de changement et indicatrice d’une série d’injonctions paradoxales vécues par les intervenants. Ainsi, ma stratégie d’enquête consiste à déconstruire la notion d’employabilité afin de comprendre comment et dans quelles circonstances les professionnels se l’approprient et la traduisent dans la catégorie liée de jeunes « habiles à l’emploi ».
Je compte aborder trois points : tout d’abord, je montrerai les marges de manœuvre vis-à-vis de l’« employabilité » comme critère d’évaluation ; ensuite, je mettrai en perspective la contradiction manifeste entre les finalités de l’« employabilité » comme « qualité de l’usager » et la nature précaire d’un public par définition aux marges de l’emploi ordinaire ; enfin, je proposerai d’analyser les formes d’ajustement identitaire des professionnels qui traduisent l’« employabilité » en tant que modalité d’insertion, et qui sont eux-mêmes affectés par une forte précarisation de leur emploi.


Bonvin Jean-Michel, Martinelli Aris | Atelier 6, Session D

Dynamiques d’entreprise et nouvelle division internationale du travail. Une étude de cas dans l’industrie suisse des machines
La crise économique actuelle a un point commun avec les grandes crises de l’histoire du capitalisme : elle affaiblit certains pôles économiques à l’échelle internationale en même temps qu’elle en renforce d’autres. Ce fait est étroitement lié aux mutations des centres d’accumulation du capital dont l’entreprise constitue l’élément le plus visible. De par son intégration dans un réseau mondialisé de production, elle est contrainte de développer des stratégies permanentes d’innovation pour préserver sa compétitivité. Ces évolutions entraînent une double recomposition des frontières entre marges et centres : d’une part la délocalisation vers les pays où les coûts de production sont moins élevés, d’autre part la restructuration des entreprises situées dans les pays du Nord dans le but de maintenir une production de haute qualité et des coûts de production compétitifs. Ce processus implique le recours accru à la flexibilité ainsi que l’émergence et la multiplication des formes atypiques de travail.
Notre papier vise précisément à interroger ce déplacement des frontières entre marges et centres au sein du salariat des entreprises du Nord, en évaluant l’impact des nouvelles formes de flexibilité à la fois d’un point de vue économique (productivité, rentabilité) et social (bien-être matériel du personnel, statut juridique et reconnaissance symbolique des travailleurs du centre et de la marge). Il s’appuiera sur une étude de cas portant sur une multinationale active dans l’industrie suisse des machines ayant connu une multiplication des statuts atypiques de travailleurs (intérim, payrolling , etc.). A cette fin, nous avons effectué une analyse documentaire détaillée et une trentaine d’entretiens avec des membres du personnel (travailleurs, cadres, directeurs) dans le cadre d’une recherche financée par le Fonds national suisse (FNS) de la recherche scientifique.


Martinez Esteban, Dessers Ezra, Mélon Laetitia | Atelier 7, Session A

Variantes autour de la condition intérimaire
Cette communication rend compte des résultats d’une enquête par questionnaire menée auprès d’un échantillon représentatif de travailleurs intérimaires (envoi de 30.000 questionnaires ; taux de réponse 10%). A la différence des enquêtes réalisées sous l’égide de la fédération patronale du secteur, qui s’intéressent aux profils et à la satisfaction des intérimaires, notre enquête s’est centrée sur les conditions d’emploi et de travail pendant les missions.

Deux éléments d’ordre méthodologique peuvent être soulignés : 1) Le questionnaire a été conçu de manière à établir des comparaisons avec une population de référence issue de l’enquête européenne sur les conditions de travail. 2) Comme il est coutumier de le prévoir, une case était laissée ouverte pour des commentaires éventuels. A la surprise des enquêteurs, plus de mille commentaires ont été recueillis. Nous disposons ainsi d’un matériau inattendu se prêtant à une analyse qualitative.

Les principaux résultats de l’enquête quantitative s’articulent autour de quatre constats :
1) La généralisation d’une pratique suscitée par les agences d’intérim consistant à couvrir la durée de la mission par une succession de contrats de courte durée, hebdomadaires, voire journaliers.
2) Pour des minorités significatives d’intérimaires, la réglementation n’est pas respectée.
3) Des conditions de travail dégradées se marquent principalement par la surreprésentation chez les intérimaires d’un travail sous pression.
4) Contre la perspective d’une transition vers l’emploi stable, l’enquête met plutôt en évidence un phénomène d’enfermement dans l’intérim.
Les commentaires recueillis portent moins sur les conditions objectives de travail que sur un sentiment éprouvé d’injustice, de rupture d’un contrat implicite qui voudrait qu’en contrepartie de leur implication et de leur disponibilité les intérimaires se voient proposer un emploi fixe.


Lamanthe Annie, Martinez Eleocadio | Atelier 5, Session D

Une perspective France/Mexique sur les catégories d’informalité et de chômage
Les transformations en cours du marché du travail et du rapport salarial viennent brouiller les catégories et les références, aussi bien pratiques que juridiques et savantes, construites par le passé pour les penser et les représenter. Le cadre des Etats nations dans lequel ces catégories se sont historiquement constituées, et bien que la pertinence de ce cadre soit aujourd’hui en partie discutée (entre autres par Sassen, 2009), continue d’exercer une force déterminante dans la façon dont les problèmes sont appréhendés. La communication propose un double renversement de perspective pour inviter à réfléchir à l’entrecroisement entre catégories pratiques, institutionnelles, juridiques et savantes dans lequel nos analyses sont, bien souvent, nationalement « enfermées ». Depuis le Mexique, d’abord, et à propos de la catégorie de travail informel, ou d’informalité pour interroger la façon dont, en France, les réalités qu’elle recoupe sont massivement abordées sous l’angle de la précarité ou encore de l’illégalité, ie en référence à des normes et catégories qui sont principalement d’inspiration juridique (le CDI comme norme de l’emploi typique dans le Code du travail ; la condamnation, au double plan moral et légal, du travail dissimulé ou « au noir »). Depuis la France, ensuite, pour interroger la notion de chômage au Mexique qui, à défaut d’être institutionnalisée dans des dispositifs de prise en charge des demandeurs d’emploi puisqu’il n’existe pas, dans ce pays, d’indemnisation du chômage, laisse le champ tout à la fois à des catégorisations, à des situations et à des expériences que les chômeurs eux-mêmes font, dans lesquelles sont plus fortement imbriqués emploi et sous-emploi, emploi formel et informel.


Lafuente Hernandez Sara, Jamar David, Martinez Esteban | Atelier 10, Session B

Le syndicalisme de réseau : une réponse collective au développement de la sous-traitance
La recherche qui fait l’objet de cette communication s’est intéressée à l’expérience du syndicalisme de réseau comme tentative de réponse collective au développement de la sous-traitance.
Le modèle de l’entreprise en réseau mondialisé constitue, en effet, un défi pour les systèmes de relations professionnelles, conçus dans le cadre des Etats-nations, comme une institution du conflit entre un interlocuteur patronal unique et identifiable et des organisations syndicales basées sur une identité statutaire et/ou professionnelle. Précisément, dans l’entreprise « dispersée » par le recours à la sous-traitance, la configuration organisationnelle est dissociée de l’entreprise définie au sens juridique et patrimonial, et des relations de travail triangulaires s’installent de facto.
De nouvelles tensions travaillent les relations professionnelles. Celles-ci sont particulièrement visibles dans le cas de la sous-traitance interne, quand des groupes de travailleurs relevant de différentes entreprises, aux statuts inégaux, et affiliés à différentes centrales syndicales se côtoient sur les mêmes espaces de travail (site ou territoire).
C’est en conséquence un choix raisonné qui nous a conduits à suivre et à analyser les pratiques de coordination syndicale, entre les délégations de l’entreprise principale et des sous-traitants directs, sur le site de la Centrale Nucléaire de Tihange (Begique) et sur le site pétrochimique de REPSOL à Tarragone (Espagne).
Sur le plan méthodologique, une approche qualitative a été adoptée, alliant entretiens individuels, discussions de groupe, observation participante et exploitation de la documentation syndicale.
Le questionnement a porté sur la consistance et les contours d’une notion de « communauté de travail » élargie à la sous-traitance, sur l’action coordonnée des délégués itinérants, le rôle des délégations principales et les rapports avec les instances syndicales, ainsi que sur les modes et les résultats d’une concertation sociale territoriale.


Massot-Bordenave Philippe | Atelier 5, Session B

La Théorie sur les Coopératives est elle capable d’aider à l’intégration de population marginalisée dans notre Europe post industrielle ?
Le courant orthodoxe économique est construit sur un ensemble de paradigmes. Dans un monde où l’économie est de plus en plus prégnant tous les jours, cette construction devient aussi un facteur d’exclusion. Exclusion n’est plus un phénomène spécifique qui vient des marges de notre société, mais un mécanisme anthropologique qui occupe le centre même de sa conception.
Depuis Adam Smith en 1776, et son analyse remarquable dans le textes sur la Fabrique d’Épingles fournis une distribution de manières des plus précise, une forme particulière d’ emploi qui occupe une place centrale dans le phénomène encore mystérieux de la création de richesse. La richesse qui dans le modèle classique défini ci-dessus demeure la condition sine qua non de toute forme de redistribution de la valeur.
Or en application même de ce mécanisme classique repris par l’ École Néo-classique , puis L’école Libérale actuelle , ce paradigme déjà ancien, devient depuis quelques années la source même de l’exclusion.
Alors que depuis des siècles, tous les activités de l’homme semblaient plus ou moins
créatrices de richesses, notre monde capitaliste actuel semble revenir sur cette idée.
Tout travail qui n’est pas effectué sous forme de salariat, un travail normé en quelque sorte, encadré et soumis, semble devoir ne pas être prit en compte par nos systèmes de comptes. ( Nous incluons bien entendu , dans le champ du travail salarié, le travail de professions dites libérale ou indépendantes qui sont tout à fait encadrées et normées, comme le médecin, le sportif, ou le commerçant).
L’un des plus beau mais également dramatique exemple de cet état de fait est l’actuelle condition de travail des « gens du voyage ». Nous utilisons ce terme générique qui peut être remplacer par celui de Tzigane, de Gitans ou de Roms qui dégagent tous un aspect particulier d’une problématique que nous souhaitons voire rester au niveau global.
Voici un groupe éthique qui travaille mais qui du fait de l’originalité de son travail se trouve marginalisé. Les deux sources principales de revenus traditionnels de ces personnes sont tombés sous les coups de butoir d’une forme de représentation politique dont ils sont bien évidemment absents, puisque pour la plupart, bien que citoyens français, ils ne prennent pas part au vote ou autres mobilisations collectives.
L’une des sources de revenus a toujours été aux marges de la loi. Les gitans traditionnellement installés proches des frontières des états se sont toujours livrés à de menus trafics, jouant sur les interdits douaniers et sur les législations, rendant en fait un service économique majeur en permettant de retrouver un équilibre naturel dans un marché local qu’une législation trop stricte aurait complètement déréglé.
Un rôle de régulateur local en quelques sorte, dont la rémunération modeste arrangé bien les services des douanes qui se préoccuper plus de trafics beaucoup plus importants.
La seconde source de travail était la récupération des métaux et autres expédients, un métier de misère que personne dans nos sociétés ne désirait alors faire. Or, notre monde de consommation extrême rendu ce marché très lucratif. De nombreuses compagnies, parmi les plus importantes au monde, se sont aujourd’hui spécialisées sur ce secteur, rendant toute forme de travail alternatif impossible.
Ainsi devant se simple constat alarmant, il convient de s’interroger sur le rôle que peut jouer l’Économie sociale dans ce domaine.
Certes, par sa définition même l’Économie sociale trouve son origine dans la volonté
politique des individus peuple eux-mêmes et ne saurait ainsi devenir un modèle de développement, on parle ainsi dans certain cas d’économie populaire.
Le but de cet article est donc de chercher à comprendre dans quelles mesures il serait possible d’envisager la mise en place de systèmes coopératifs qui permettrait à des populations exclues de retrouver une forme de dignité en vivant de leur TRAVAIL, sans en modifier la forme fondamentale.
A l’image de ce même problème qui c’est posé au Québec dans les années 80 lors de la volonté des peuples du Sud d’exploiter les ressources des peuples Inuit, la solution peut passer par la coopérative.
La coopérative, source d’indépendance politique permet alors de prendre en compte le
travail sous toutes ses formes en jouant le rôle d’amortisseur, de fédérateur, et de rassembleur devant le capitalisme libéral qui tant à exclure, à diviser et à paupériser les populations dans tous les sens du terme.
Cet article se propose donc de chercher à expliquer les deux situations celles des deux peuples opprimés et à envisager quelques passerelles possibles dans les expérience tant au niveau politique, anthropologique mais également économique.


Matus Murielle, Prokovas Nicolas | Atelier 7, Session B

Pourquoi devenir aide à domicile ? Une interprétation de la mobilité professionnelle à l’issue du chômage
Problématique
Se réorienter professionnellement n’est pas une décision anodine, surtout si elle intervient dans le cadre d’une rupture du parcours professionnel pour cause de chômage ; dans ce cas, où se situe la frontière entre une mobilité délibérée et celle qui s’effectue sous contrainte (financière, personnelle, autre) et qui concerne, tout de même, près d’un chômeur sur cinq qui trouve un emploi ?
Au-delà des caractéristiques individuelles et du parcours au chômage – notamment la pratique d’activités réduites qui repousse plus loin les marges de l’emploi et rend « encore plus problématique la signification du terme chômeurs » (Demazière, 2006) –, le métier de provenance participe de manière primordiale à définir la trajectoire et la mobilité professionnelles qui s’effectuent suivant la dynamique en œuvre sur le marché du travail (Duhautois et al., 2012).
Un cas emblématique de la mobilité professionnelle est celui de l’essor d’une nouvelle domesticité autour des services aux personnes (Devetter et al., 2009), métiers par excellence peu qualifiés, moteurs de la silver économie (CGSP, 2013) et réservoirs de main-d’œuvre également peu qualifiée que la crise actuelle a contribué à mettre au ban de l’activité industrielle.
Méthode
À partir des données qualitatives et quantitatives issues de deux enquêtes récentes sur les mobilités professionnelles des chômeurs, nous testerons les causalités qui relient caractéristiques individuelles, emplois actuel et précédent (métier, durée de travail, rémunération…) et nature de la mobilité. Nous porterons un regard particulier aux emplois relevant des services aux particuliers. Nos résultats seront mis en perspective grâce à des données provenant du fichier historique des demandeurs d’emploi.


Noiseux Yanick, Mayer Stéphanie | Atelier 10, Session D

Les luttes syndicales des travailleuses de Wal-Mart au Québec : Qu’est-ce qu’elles nous apprennent ?
La multinationale du commerce de détail Wal-Mart, installée au Québec depuis 1994, propage un modèle d’affaires basé sur des bas salaires, des heures de travail écourtées et par un déni agressif du droit à la représentation collective. Notre communication examinera les différentes campagnes de syndicalisation menées chez Wal-Mart par le syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) au Québec à partir des années 2000. Deux types de matériaux de recherches seront utilisés afin de procéder à un « travail de traduction des pratiques et des savoirs » portés lors de ces luttes collectives : une revue de la littérature journalistique et scientifique ainsi que les résultats d’une enquête menée entre 2010 et 2012 auprès de onze travailleuses de succursales québécoises de Wal-Mart.

Parce que notre échantillon est constitué exclusivement de femmes et que les travailleuses interrogées assument bien souvent le rôle social de mère et de cheffe de famille et subissent ainsi des réalités particulières découlant de la flexibilisation des conditions de travail et de la précarité, notre enquête cherchera à poser un regard nouveau sur les forces et les limites des différentes stratégies syndicales mises en œuvre dans le cadre de ces luttes chez Wal-Mart. Plus largement, en nous appuyons sur la démarche que propose Boaventura de Sousa Santos, l’étude de cas cherchera à rendre visible les pratiques et revendications des travailleuses atypiques sur les marchés périphériques du travail à partir desquels il est possible d’alimenter autant un « langage syndical renouvelé » que des propositions de matrice organisationnelle (des répertoires d’actions) permettant l’adaptation du syndicalisme à la nouvelle donne.


Borgo Camilla, Mazade Olivier | Atelier 4, Session C

Des nouvelles formes d’organisation du travail : une étude confrontant l’organisation du travail prescrite par une entreprise française et celle effectivement diffusée parmi ses travailleurs.
Depuis les années 1950, des pratiques comme les travaux en équipes, la polyvalence, la rotation de tâches, la poursuite d’une « qualité totale » et la résolution de problèmes imprévus deviennent communes au quotidien des salariés. Parfois, ces changements n’arrivent pas à tous les salariés, en générant des façons de travailler disparates. Dans ce contexte, le présent travail porte sur l’analyse des écarts entre le modèle d’organisation du travail prescrit par une entreprise française et le modèle effectivement mis en œuvre et diffusé parmi ses salariés, en mettant l’accent sur des possibles facteurs responsables des différences ou des similitudes entre eux. Ce travail consiste en une étude de cas menée au sein d’une entreprise du marché de crédit à la consommation située dans le Nord de la France. Pour l’obtention et l’analyse des données, sont utilisés l’enquête sur le terrain, des entretiens semi-directifs, l’observation directe et des analyses documentaires. D’après des analyses, on observe que l’entreprise en question a comme base le modèle matriciel, en y ajoutant des pratiques développées par elle-même aussi bien que de caractéristiques des anciennes et nouvelles formes d’organisation du travail. L’autonomie dans la cadence de travail est élevée, néanmoins les méthodes de travail sont restreintes et contrôlées. Le travail en équipe est fortement diffusé, la qualité totale est poursuivie par le secteur « contrôle de qualité » et au travers des réunions d’évaluation de performance. En revanche, on souligne des tâches répétitives et une rotation très faible. Ainsi, bien que les tâches portent un niveau relatif de complexité et que l’entreprise espère que ses collaborateurs y réfléchissent, ces dernières caractéristiques, combinées avec un système de contrainte basé sur des normes quantitatives de production, créent une tendance à mécaniser le travail.


Mben Lissouk Ferdinand | Atelier 5, Session C

Citadins et ruraux en quête d’emplois dans une économie de disette chronique : les dessous de l’aménagement urbain à Yaoundé
Au Cameroun, selon les statistiques officielles, le secteur informel reste le principal pourvoyeur d’emplois, tant en milieu urbain qu’en milieu rural. En effet, les chiffres de l’Institut National de la statistique du Cameroun (INS), montrent par exemple que le taux d’informalité au Cameroun, en 2010, était de 90,5%. Cet investissement massif des citoyens dans ce secteur de l’emploi très peu ou pas du tout structuré est, en milieu urbain notamment, à la base d’une véritable boulimie foncière. Seulement, cette quête d’espace, et surtout d’espace stratégique, chez les acteurs du secteur informel, n’obéit pas toujours à la règlementation en vigueur en matière d’urbanisme au Cameroun. Cette posture hors-la-loi est le talon d’Achille de ce secteur d’activité, majoritairement aux mains des classes populaires. Car, dans le but officiel de lutter contre les désordres urbains, l’autorité publique camerounaise use, très souvent, de son monopole de la violence physique légitime pour même hors-jeu, surtout au niveau du centre-ville, les acteurs du secteur non structuré de l’économie. Cet article essaye de déconstruire le discours officiel de l’autorité publique en matière d’aménagement urbain à Yaoundé, en considérant ce dernier comme un acteur social à part entière, engagé dans une lutte pour la conquête et/ou la conservation des espaces urbains stratégiques. Un combat qui met en relation trois principales catégories d’acteurs sociaux : les membres de l’élite politico-bureaucratique –bannière sous laquelle évolue l’autorité publique (détentrice du monopole de la violence légitime)- ; les membres de la bourgeoisie d’affaires (détenteurs des capitaux à grande échelle) ; et les acteurs du secteur informel de l’économie (statistiquement les plus nombreux). Dans cet affrontement à la fois physique et symbolique, il s’observe, sous le couvert de l’aménagement urbain, une coalition entre les membres de l’élite politico-bureaucratique et les membres de la bourgeoisie d’affaires, dont le but est d’éjecter les acteurs du secteur informel des endroits stratégiques de la ville (Centre-ville, vérandas et parking des grandes surfaces, principales voies de circulation…). Mais ces derniers, à leur tour, déploient sans cesse, des stratégies diverses et variées (commerce ambulant, vente à la criée, aménagement sommaire…) qui leur ont permis, jusqu’ici, de conserver leur droit de cité au niveau du centre-ville et même dans certains cas, de conquérir d’autres espaces tout aussi stratégiques (requalification des espaces aménagés tels que les parcs, arrêts-bus, vérandas de bureau… à des fins commerciales) malgré la répression constante de l’autorité publique. Ainsi, pour mettre en relation le rapport entre l’autopromotion massive des emplois dans une économie de disette chronique et l’aménagement urbain à deux vitesses de la ville de Yaoundé, ce travail s’appuie à la fois sur des sources primaires et secondaires. Les données primaires proviennent d’une enquête qualitative effectuée dans le cadre des travaux de Master en sociologie et actualisés dans le cadre de la rédaction de cet article. Pour ce qui est des données secondaires, elles proviennent principalement d’une enquête quantitative sur l’emploi et le secteur informel publiée en 2011 par l’INS. Les résultats auxquels nous sommes parvenus indiquent pour les membres de l’élite politico-bureaucratique, la ville est avant tout, un élément « extraordinaire du city marketing » et, son centre, un espace-outil dont la priorité est de produire une « image reluisante et commercialisable », d’une société de disette chronique que l’on voudrait présenter différemment aux yeux du monde. En ce qui concerne les membres de la bourgeoisie d’affaires (constituée aussi bien par les hommes d’affaires nationaux et étrangers), la ville de Yaoundé, dans son ensemble est prise pour ce qu’elle est, un gigantesque pôle de consommation, et son centre, un hypermarché. Cette situation pousse cette catégorie d’acteurs sociaux, à considérer cette partie de la ville comme un espace-outil de production sans précédent de « la plus-value du capital », et à tout mettre en œuvre pour en avoir le monopole. Pour ce qui est des classes populaires (au sein desquelles se recrutent principalement les acteurs du secteur informel), la ville est d’abord un espace où l’on se bat au quotidien pour la survie. C’est cette réalité qui fait que pour les acteurs du secteur informel de Yaoundé, le centre-ville reste un espace-outil par excellence de production du pain quotidien. Cette différence de perception d’un même espace selon ces différentes catégories sociales, et le manque de concertation véritables entre ces différents acteurs, qui, tous, contribuent à produire la même ville, est à la clef de voute de l’aménagement urbain à deux vitesse que connaît la ville camerounaise en général et sa capitale politique en particulier. Car, l’observation de la réalité sociale en milieu urbain camerounais, montre que l’aménagement urbain officiel en général, et celui des espaces centraux principalement, ne sert pas les intérêts des classes populaires pourtant statistiquement les plus importantes. Raison pour laquelle, ce qui est présenté dans la rhétorique officielle comme désordre urbain, continue d’étendre ses tentacules dans la ville de Yaoundé en général et au niveau du centre ville en particulier, malgré le recours constant à la violence physique légitime par l’autorité publique camerounaise.


Menezes Paula | Atelier 6, Session C

L’analyse des trajectoires des femmes du Nord et du Sud : changements et continuités dans la division internationale du travail et le sentiment d’appartenance
La recrudescence des études sur les femmes au Brésil , précisément à partir de 1970 sur, a mis en jeu la question des femmes dans l’armée de réserve industrielle comme un facteur clé pour interpréter la singularité des économies nationales en développement face les sociétés développées
(Pena , 1980 ; Bruschini , 1994) . Dans la mesure où la dynamique de l’économie mondiale ont changé au cours des années suivantes, en absorbant la force de travail féminine dans presque tous les continents , aussi les sciences sociales brésiliennes ont vu un élargissement de l’interprétation lors de l’insertion de la femme sur différents marchés nationaux du travail . Le cadre normatif ainsi que l’analyse de l’équilibre travail-vie de les femmes, pensaient leurs trajectoires , sont devenus des éléments importants pour évaluer croisées inégalités de genre et de classe .
Dans ce papier, nous avons l’intention de présenter une comparaison de l’insertion de la femme sur deux marchés du travail nationaux , au Brésil et en Italie , en se concentrant sur les trajectoires des travailleurs sur le secteur du textile et de l’habillement , afin de vérifier les principaux éléments distinctifs de la relation capital-travail dans les économies du Nord et du Sud . Selon nos investigations sur notre thèse de doctorat, la gestion de la force de travail féminine peut révéler des différences économiques et culturelles sur la division internationale du travail. Le sentiment de appartenance « périphérique » (Martins Rodriguez cité dans Pena , 1980) et les trajectoires de travail instables sont encore l’empreinte du travail des femmes au Brésil , tandis qu’en Italie, nous nous rendons compte d’un discours de classe et une trajectoire plus stable de la force de travail "protégé" , mais avec un d’un sentiment de "fading" appartenance de classe. En Italie, la segmentation devient encore plus complexe dans les années 2000 : entre la main-d’œuvre italien et main-d’œuvre immigrée , entre les jeunes travailleurs non protégé et âgés/protégé. Au Brésil , les allées et venues des femmes dans les emplois formels et informels est l’une des principales stratégies de l’équilibre travail-vie utilisée par la femme dans des emplois à faible revenu . Dans les deux pays, cependant , le discours d’être des femmes une main-d’œuvre plus « docile » justifie encore faibles revenus et un pouvoir contractuel plus faible dans le secteur du textile et de l’habillement.


Menoux Thibaut | Atelier 11, Session A

L’association professionnelle des concierges d’hôtel : les ressorts symboliques d’une mobilisation collective de professionnels du service haut-de gamme.
Le concierge d’hôtel occupe un poste prestigieux dans la division du travail de service hôtelier de luxe. En contact étroit avec le client, il est chargé de lui fournir tous les biens et services dont il pourrait avoir besoin en-dehors de l’hôtel (restaurants, transports, spectacles, etc.) Créée en 1929 à Paris, l’association professionnelle des concierges d’hôtel a servi de modèle à la création d’associations de concierges dans de nombreux pays, et l’association internationale fédère aujourd’hui 53 sections à travers le monde, 3500 concierges au niveau international dont 450 pour la section française.
Cette forme singulière d’organisation, qui se revendique non syndicale, semble d’abord s’être construite sur un modèle à cheval entre la société de secours mutuel, l’amicale professionnelle et le bureau de placement. Mais elle semble aujourd’hui avoir largement évolué vers une fonction de mobilisation de professionnels cherchant à résister aux transformations de leur activité et de leur statut : internationalisation du secteur économique hôtelier, stratégie des chaînes hôtelières pour s’approprier les commissions versées aux concierges par les prestataires, dépréciation de l’image publique suite aux scandales de proxénétisme dans les années 1980, etc.
Cette communication cherchera, surtout à partir de l’exemple de la section française, à comprendre les buts de cette mobilisation contre une potentielle marginalisation de ce métier et les moyens à sa disposition dans la lutte pour préserver le statut et les ressources associés à cette activité professionnelle. Elle cherchera notamment, à partir d’un travail ethnographique, statistique et de l’exploitation d’archives, à saisir la manière dont se nouent des alliances entre groupes d’intérêt au sein de ce milieu professionnel, de l’opinion publique et de l’Etat. Elle tentera enfin de souligner les modalités spécifique d’une mobilisation qui a la particularité de se jouer avant tout sur le plan symbolique.


Messaoudi Ahmed, Touahri Miloud | Atelier 11, Session C

Gestion des conflits et liberté syndicale en Algérie
La question de la liberté syndicale et le droit de grève revient régulièrement sur le devant de la scène et interroge les professionnels du syndicalisme dans leur pratique quotidienne.
En Algérie le bouleversement organisationnel et technologique, auxquels les entreprises font face depuis une trentaine d’années, a profondément reconfiguré leur tissu social, mettant en question des formes traditionnelles de relations sociales et donnant naissance à des nouvelles formes de liens. Ces évolutions conduisent à s’interroger sur leur impact sur les différentes formes relations sociales. En assiste à un changement des pratiques dans la scène syndicale de la part des chefs d’entreprises (publics ou privé) et des acteurs syndicales (organisation). Celles-ci, dans un contexte de changement perpétuel, sont-elles source d’incertitude ou constituent-elles une sorte d’ancre ? Dans quelle mesure les acteurs ont-ils provoqué ces changements relationnels et comment les perçoivent-ils ?
La recherche présentée ici visait identifier les nouvelles caractéristiques dans ce sujet, soit une nouvelle structure de la division internationale du travail syndicale, laquelle contient des éléments historiques dans leurs processus, mais devient innovatrice au moment où elle s’appuie sur le réel. Sur fond de changement organisationnel permanent qu’il engendre, la configuration des relations sociales en entreprise joue un rôle non négligeable sur leur performance et permettra de mieux comprendre les transformations frappant le monde du travail. Cette question est le produit d’un constat de la part des chercheurs concernant les atteintes aux libertés syndicales et les conflits sociaux qui en découlent.
L’hypothèse présente dans cette recherche, de nature qualitative, a été basée sur la marge de liberté que dispose l’acteur syndical non seulement dans l’entreprise mais aussi dans l’organisation syndicale dans la gestion des conflits ?
S’attachant à décrire l’évolution du conflit social au cours des dernières années et à en reconnaître les traits spécifiques à l’époque contemporaine, l’intervention essaye de plaider pour l’intérêt de renouvelé la vision d’une dimension de la vie sociale qui non seulement reste d’actualité, mais prend des formes nouvelles, et qu’il convient de l’étudier.
- Comment les principes de la liberté syndicale sont-ils déclinés dans les différents établissements publics ?
- Quelle place occupe actuellement le conflit dans les rapports de travail ?


Belkacem Rachid, Kornig Cathel, Michon François | Atelier 10, Session B

Freins et enjeux de la syndicalisation des intérimaires
L’intérim est une forme d’emploi et un secteur d’activité emblématiques des transformations actuelles des organisations productives. La syndicalisation des intérimaires est en ce sens une question clé. On s’appuie ici sur une enquête exploratoire auprès de responsables syndicaux.
La durée moyenne d’une mission d’intérim est très courte, les changements de lieu de travail très fréquents. Cela ne favorise ni une quelconque mobilisation des intérimaires ni la visibilité-même des syndicats aux yeux de ces personnels. Se syndiquer, se lancer dans une activité revendicative comportent des risques importants. Particulièrement pour les intérimaires : la sanction peut être immédiate (ne plus avoir de missions).
Les pratiques syndicales elles-mêmes doivent être interrogées. 1° Les revendications, sans doute trop centrées sur la défense des salariés permanents, gardent un flou certain sur les objectifs mêmes des luttes (défendre les droits des intérimaires et des précaires et/ou défendre l’emploi - sous entendu permanent) et sur les modes d’action capables de mobiliser les intérimaires et plus généralement les précaires. 2° L’organisation des syndicats (largement centrée en France sur le secteur d’activité ou les grands groupes professionnels) paraît peu adaptée à la position des intérimaires entre leur(s) agence(s) d’intérim et leur(s) entreprise(s) utilisatrice(s). 3° L’intérim ne relève pas des mêmes règles que les autres salariés, permanents ou temporaires. Cela exige des syndicalistes des compétences juridiques spécifiques. Les représentants syndicaux expriment clairement le besoin d’une formation plus adaptée à ce droit du travail complexe.
Quelques pistes d’action peuvent contribuer à débloquer ces limites. Outre ce besoin de formation, une organisation en réseau, plus territoriale, un meilleur appui sur les permanents des agences et les intérimaires dits « professionnels »…


Sarfati François, Mignot-Gérard Stéphanie, Perrin-Joly Constance, Vézinat Nadège| Atelier 7, Session C

L’alternance aux marges de l’emploi. Expériences de cadres de la banque
Selon les termes de la loi du 28 juillet 2011, les apprentis sont des salariés. A ce titre, ils occupent un emploi et effectuent un travail qualifié puisqu’ils signent un contrat de travail d’une durée d’un à trois ans avec un employeur et suivent concomitamment une formation dans un établissement diplômant habilité. L’alternance est-elle alors perçue, conçue et vécue comme un emploi précaire, comme une modalité d’un parcours de formation et/ou comme un moyen de cumuler études, expérience professionnelle et salaire ? A partir d’une enquête quantitative et qualitative réalisée entre 2011 et 2013 auprès de trois Masters en finance, nous considérerons l’apprentissage comme un dispositif public de formation aux marges du travail et de l’emploi. Retour ligne automatique
Soucieux d’apprendre le plus de choses possible au cours de cette expérience, les apprentis sont amenés à travailler un nombre d’heures dépassant celui indiqué sur leur contrat de travail. Ils réalisent ainsi une socialisation anticipatrice (Merton, 1957, p. 233) au sens où ils se projettent dans le statut de cadre auquel ils aspirent et se conforment aux normes de ce groupe de référence. Ainsi, être diplômé d’un bac+5 dans le domaine de la finance et envisager d’y obtenir rapidement une position valorisée les conduit à s’engager de manière intense dans l’activité de travail.Retour ligne automatique
Cependant, dans le Master étudié, au-delà de l’investissement fourni, un clivage s’installe entre les étudiants selon leur expérience sociale. Les jeunes d’origines populaires, selon leur expérience (direct ou indirecte) de la précarité, prioriseraient l’emploi quand ceux issus des milieux plus favorisés favoriseraient le travail. Les premiers disent vouloir se battre pour rester dans l’entreprise et pour que la proposition qu’on leur fera corresponde bien à leur aspiration, tandis que les seconds, ceux dont le parcours nourri d’autres modèles de carrière, sont plus prompts à candidater dans un second Master, s’investir dans la recherche d’un VIE ou partir une année à l’étranger. Ce projet de report de l’entrée définitive dans la carrière professionnelle est toujours pensé comme un moyen de garnir un CV déjà bien rempli. Ces deux types d’aspiration (insertion immédiate ou prolongation de l’indétermination) ont alors des conséquences directes sur le rapport entretenu avec l’entreprise et le travail effectué en son sein. Pour les uns, la flexibilité offerte aux entreprises est une opportunité d’expérience supplémentaire, tandis que les autres ont conscience de l’existence d’un rapport de force en faveur des entreprises et d’un risque de précarité associé. C’est en ce sens que ces expériences de jeunes cadres de la finance nous permettent d’appréhender dans quelle mesure l’alternance se situe à la marge de l’emploi et du travail et comment la subjectivité des étudiants détermine le sens qu’ils donnent à leur passage par ce dispositif qu’est l’alternance.


Garcia Calavia, Miguel Angel | Atelier 1, Session D

La périphérie de l’emploi le professorat universitaire dans une perspective comparée
L’objet de cette communication est les marchés du travail universitaire qui expérimentent des changements importants depuis plus d’une décennie. L’un des objectifs principaux est d’examiner l’évolution récente des marchés secondaires du travail universitaire en Espagne et d’observer sa relation avec celle-là des marchés primaires. L’autre des objectifs est de comparer son évolution à celle-là des marchés respectifs d’autres pays européens, comme la France, et d’établir des tendances sur sa configuration.
L’examen est réalisé dans le contexte de la théorie de la segmentation. Dans quelques recherches effectuées dans ce contexte, il est soutenu d’un côté, que les marchés secondaires du travail universitaire prolifèrent avec des caractéristiques assez semblables dans des pays distincts. D’un autre côté, que les marchés primaires de travail universitaire se restreignent à la fois qui sont configurés de différente forme de quelques pays aux autres.
L’information provient des sources statistiques des ministères de l’éducation et / ou universités. Au préalable, on révise quelques aspects qui constituent les marchés de travail universitaire : les relations d’emploi ou les manières d’assignation des personnes aux postes de travail.


Mithout Anne-Lise | Atelier 2, Session C

A la marge de l’école : les enseignants spécialisés
En France, l’éducation des enfants en situation de handicap a été dès ses origines conçue comme une affaire de « spécialistes » et externalisée à des structures ne relevant pas de la tutelle de l’administration scolaire, en marge du système éducatif ordinaire. Elle fait en particulier appel à des enseignants dont la certification et les compétences spécifiques ne sont pas reconnues par l’Education Nationale. Ceux-ci constituent ainsi une profession à part, distincte à la fois des enseignants ordinaires et des éducateurs spécialisés (qui travaillent en établissement spécialisé mais n’enseignent pas des « matières scolaires »).
Cependant, depuis la loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », les enfants handicapés tendent à être réintégrés dans l’Education Nationale, et le secteur de l’éducation spécialisée connaît des bouleversements. Accusés dans le discours publics de participer d’un système qui contribue à l’exclusion des personnes handicapées, les enseignants du milieu spécialisé disposent cependant de compétences qui font défaut dans l’Education Nationale. Dans le même temps, la proportion d’enfants polyhandicapés dans les établissements autrefois spécialisés dans un seul type de handicap augmente fortement, rendant en pratique nécessaire une plus grande polyvalence des enseignants spécialisés actuellement en poste, et inutile une partie de leurs compétences spécialisées. Les enseignants spécialisés se trouvent ainsi dans une situation paradoxale de reconnaissance accrue de leurs compétences et de dépréciation de leur profession.
Comment la reconnaissance de la profession d’enseignant spécialisé évolue-t-elle depuis la réforme pour l’intégration ?
Cet article s’appuie sur une enquête qualitative menée dans une école spécialisée pour enfants déficients visuels. On étudiera la reconnaissance professionnelle à travers l’expérience vécue des enseignants.


Moeneclaey Vincent | Atelier 8, Session D

Cœur de métier : renvoyer aux marges. Pratiques et activités normatives des consultants en outplacement de salariés
En présentant les résultats d’une recherche menée parmi les experts du reclassement de salariés licenciés, cette communication propose d’interroger les pratiques et les rôles sociaux d’acteurs dont l’activité revient à faire en pratique les marges de l’emploi, et à faire circuler les travailleurs entre celles-ci et les positions qui, dans l’avènement de la société salariale, étaient considérées comme centrales et comme normales. Les pratiques observées consistent à aider les entreprises à « licencier élégamment » et à « accompagner » les victimes de plans sociaux, de licenciements individuels ou encore de départs négociés, dans leur recherche d’une position nouvelle et qui soit identifiable (« en emploi », « en formation », « en création d’entreprise », « au chômage », « en préretraite », etc.). Les acteurs qui ont développé de telles activités normatives sont nés il y a quelques dizaines d’années de la pleine intégration des restructurations dans les pratiques économiques, de l’effritement du salariat ainsi de la construction socio-juridique de différents types de licenciements. Nous les avons étudiés, d’une part, grâce à une ethnographie d’un peu plus d’une année dans un de leurs « cabinets », à Paris, ainsi que sur une « antenne-emploi » en Picardie ; d’autre part, par une analyse documentaire, une étude statistique et soixante-dix entretiens, le tout ayant visé à dessiner l’ensemble des pratiques de l’espace professionnel en question ainsi que leurs différenciation et leur distribution. Ces experts privés de l’emploi, répondant et concourant, par contrainte et par idéologie, aux évolutions des marchés du travail et à l’invention de positions qui assurent une protection relative en dehors du salariat, contribuent à casser les frontières traditionnelles entre cœur et marges de l’emploi ; notamment en invitant les travailleurs à considérer les positions anciennement excentrées (emplois atypiques, entrepreneuriat de soi-même, formes de transitions socialement assistées) comme étant désormais normales. Ces professionnels de la normalisation des rapports au travail incitent à ce que, selon les ressources sociales et les catégories de pensées de chacun, les marges des uns soient perçues comme étant la norme des autres – et vice versa. Egalement, ils favorisent les circulations entre différents endroits des marchés de l’emploi, construisant ou renforçant des parcours qui deviennent dès lors des passages obligés : formation, passage par l’intérim, auto-entrepreneuriat, retraites anticipées, etc. Bien que le plus souvent ces consultants convainquent les travailleurs d’accepter des déclassements, ils les invitent également à adopter des façons d’être et des contraintes qui jusque-là étaient propres à ceux des niveaux sociaux supérieurs ; comme dans une sorte de curialisation. Par exemple, les outplaceurs de cadres invitent ces derniers à se plier à des pratiques antérieurement développées par les « dirigeants », comme le réseau et la cooptation. Tandis que les reclasseurs d’employés et d’ouvriers contraignent leurs candidats à accepter une extrême flexibilité et à développer des dispositions à devenir entrepreneur de soi. Qu’elles conduisent à des positions enviées ou marginales dans l’emploi, ces actions sur les façons d’être et de penser constituent un terreau important pour la redéfinition des hiérarchies des positions : celles qui sont les plus éloignées du salariat et de la sécurité confèrent en effet, d’une manière en partie artificielle, les traits du prestige attribué aux pratiques des populations plus élevées.
In fine, c’est un système de représentations croisées, de circulations et de recompositions, entre centre et marge et entre haut et bas,que cette communication se propose d’analyser.


Molina Yvette | Atelier 4, Session D

Entre logique prescriptive et habitus professionnel dans le secteur social et médico-social
La professionnalisation du secteur social et médico-social connait depuis les années 2000 des transformations importantes. Pouvoirs publics et employeurs principaux posent d’emblée que le travail social est inefficace et ne sait pas s’adapter aux nouvelles questions sociales. Ils commanditent nombre de rapports d’évaluation qui préconisent de nouvelles orientations quant au rôle des professionnels et au dispositif de formation qui prépare à ces professions.
C’est ainsi que des réformes d’envergure des diplômes du travail social sont menées et aboutissent à la refonte ou à la création des diplômes du travail social entre 2004 et 2009. Ces transformations sont rendues visibles par la codification des activités et des compétences attendues à travers la mise en place de référentiels professionnels formalisés pour chacun des groupes professionnels sous la tutelle de l’Etat qui assure une régulation historique du secteur.
Moins de 10 ans plus tard, les instances de tutelle lancent une nouvelle opération de « refondation du travail social » dans laquelle le rôle des travailleurs sociaux est encore questionné et revisité.
Cette remise en cause récurrente de l’efficacité des intervenants sociaux interroge les régulations dans leur logique prescriptive face aux habitus des groupes professionnels dans le secteur social et médico-social. La tension entre centralité et marges au travail s’articule entre la norme qui définit l’activité de façon visible, à travers les référentiels professionnels standardisés, et les pratiques réelles telles que les groupes entendent appliquer leur propre conception de ce que doit être leur rôle et par conséquent leur propre centralité au travail.
La communication prend appui sur les résultats d’une recherche portant sur les transformations des rôles des groupes professionnels du secteur social et médico-social dans le contexte du nouveau management public. Elle mobilise la sociologie des professions, des groupes professionnels et du travail.


Molis Audrey | Atelier 11, Session C

Agir contre Samsonite, les processus de création d’une association comme nouvel espace de lutte des travailleur.se.s
En 2005, Samsonite, producteur numéro 1 mondial de valises, cède son usine d’Hénin-Beaumont à deux repreneurs qui souhaitent convertir la production en panneaux photovoltaïques et renomment le site EnergyPlast. Cependant, aucun panneau n’est produit et les salarié.e.s achèvent rapidement le contrat de sous-traitance avec Samsonite. En janvier 2007, ils/elles cessent le travail à l’annonce du non-paiement des salaires, sortent de l’usine et organisent l’occupation du site. Ils/elles occuperont pendant 6 mois l’usine. Conjointement, les salarié.e.s entament une action judiciaire. Au fur et à mesure de la lutte, aidé.e.s par leur avocat, ils/elles découvrent que la reprise du site d’Hénin-Beaumont masquait une stratégie consistant à éviter de financer un plan social. Ils font alors casser le contrat de cessation rétablissant Samsonite comme leur employeur, conduisent les repreneurs à des peines de prison. Aujourd’hui, ils/elles sont parti.e.s à Boston attaquer Bain Capital, le fond de pension majoritaire de Samsonite. Parallèlement, à la suite de la réception de leur lettre de licenciement, en juin 2007, les salarié.e.s se constituent en association, Agir Contre Samsonite (AC Samsonite). C’est elle, encore aujourd’hui, qui se fait le relais entre leur avocat et les adhérent.e.s, par qui la lutte perdure depuis 7 ans mais se pose également comme le prolongement des solidarités ouvrières vécues. Celle-ci apparaît à un moment de la lutte où il n’y a plus de syndicats présents. A la suite de trois points de tension avec la CGT, la rupture est entamée et en ce sens, il s’agira de questionner en quoi AC Samsonite se pose à la marge ou en substitut des syndicats ? Reproduisant les modes d’organisation présents antérieurement à l’usine, présidé par d’ancien.ne.s délégué.e.s syndicaux et cadre, comment cette entreprise en lutte questionne-t-elle le choix des ouvrier.e.s de se doter de nouvelles structures et organisations de défense du travail ?


Mondon-Navazo Mathilde| Atelier 7, Session C

Les travailleurs indépendants économiquement dépendants brésiliens : Vers une analyse des trajectoires en termes de mobilisation de ressources
Cette communication est consacrée à une catégorie de travailleurs qui illustre la porosité croissante de la frontière entre emploi salarié et travail indépendant : les travailleurs indépendants économiquement dépendants (TIEDs), qui sont juridiquement indépendants mais dépendent d’un donneur d’ordre pour l’essentiel de leurs revenus, conformément à la définition formulée par la Commission européenne . Pour appréhender la signification sociale de cette forme hybride de travail, nous nous efforçons de donner corps à cette catégorie abstraite grâce à une enquête de terrain réalisée auprès de TIEDs qualifiés qui exercent au Brésil une activité de programmeur ou d’infographiste. L’analyse des entretiens nous apprend que cette situation résulte avant tout d’une stratégie entrepreneuriale de réduction des coûts du travail et est envisagée par les professionnels comme une phase transitoire de leur parcours. Cependant, notre étude révèle que la position de TIED peut être préférée à celle de salarié et contribuer à la consolidation d’un projet entrepreneurial. Nous posons enfin la question de la sécurité de ces travailleurs exclus des dispositions protectrices du droit du travail : optant pour une conception ouverte de la sécurité comme perception subjective pouvant reposer sur d’autres bases que celle de droits formels, nous proposons une analyse qui met l’accent sur la mobilisation de ressources de plusieurs types comme mécanisme fondateur de la sécurité des TIEDs.


Moneta Marcio| Atelier 7, Session C

Rejet et consentement : la volonté de travailler à l’extérieur du travail salarié conventionnel au Brésil
Historiquement, de larges secteurs de la classe travailleuse brésilienne ont été engagés dans modalités diverses du salariement conventionnel, integrés à l’accumulation capitaliste dans le pays et à l’expansion de l’emploi formel. Dans les années 1990, lorsque la montée et la consolidation de l’hégémonie néolibérale se produisent dans le pays, le travail sur les propres moyens de production (le travail "autonome", "l’auto-emploi", etc.) devient largement encouragé dans le cadre de la promotion de le "entrepreneurship" et de fragilité de l’idéal de l’emploi stable et sûr. Au Brésil aujourd’hui, malgré l’expansion significative de l’emploi survenue dans la dernière décennie, des parties importantes de travailleurs/euses brésiliens/ennes travaillent sur ses propres moyens de production - plus que cela, ils/elles sont formalisés/ées par des régimes fiscaux spéciaux.
J’ai l’intention, dans cet article, de présenter quelques considérations théoriques développés au cours de ma recherche de doctorat, qui vise à étudier (par une enquête quantitative et des entretiens qualitatifs) la volonté de travailler à l’extérieur du salariement conventionnel. Le but ici est de l’adresse les formes contemporaines de rejet et de consentement des travailleurs/ses urbaines à regard du rapport social fondamentale du capitalisme.
Compte tenu des contradictions de ces modalités de travail diverses du salariement conventionnel - si, d’une part, elles restent subalternes à l’accumulation capitaliste, de l’autre, donnent aux travailleurs/euses une certaine autonomie par rapport à la subordination du salariement conventionnel - j’explore deux hypothèses :
1) Il y a, comme faisant partie d’une culture de classe, une volonté répandue de travailler à l’extérieur du salariement conventionnel ;
2) Cette volonté de travailler à l’extérieur du salariement conventionnel constitue un rejet individualisé du salariement, dans un contexte de consentement à l’ordre capitaliste.


Rakoto-Raharimanana Herilalaina, Monin Noëlle | Atelier 7, Session B

Reconversion, bifurcation ou réorientation professionnelle ? Quand le travail est au centre de la marge.
Les changements dans le travail depuis quelques décennies, tels que Robert Castel les pointe, et leurs conséquences sur l’inactivité et plus largement le chômage s’imposent à l’attention politique, médiatique et sociétale. La reconversion professionnelle en tant qu’elle peut générer une période d’inactivité ou d’activité non rémunérée est plus rarement perçue comme une phase active dans un parcours biographique, phase de transition qui interroge la place et le sens donné au travail aujourd’hui. Si la reconversion professionnelle peut – dans certains cas – se penser à partir de cette relation « centre-marge », la question se pose de savoir pourquoi s’oblige-t-on à changer de v(o)ie en se lançant dans une telle entreprise ? Le changement qui s’opère dans le cadre d’une reconversion professionnelle s’accompagne en effet d’une décentration non seulement professionnelle mais aussi personnelle.
A partir d’un corpus constitué d’entretiens approfondis menés en 2012 et en 2013 auprès d’une population qui a renoncé à leur emploi, nous nous intéresserons à la place qu’occupe le travail dans les parcours biographiques.
Notre communication vise ainsi à interroger les dynamiques qui sous-tendent la reconversion professionnelle des personnes ayant eu une expérience de plusieurs années dans un métier et une profession donnés. Ces personnes diplômées en reconversion – qui sont plutôt dans la posture de l’ « exit » que celle du « voice » si l’on reprend la distinction proposée par Albert O. Hirschman – ont opté pour un changement de voie professionnelle dont il nous faudra interroger le statut : s’agit-il d’une reconversion, d’une bifurcation ou d’une réorientation dans un parcours ? Le choix d’embrasser la carrière de professeur des écoles est en effet à resituer plus largement dans le rapport de ces dernières à leur travail, aux attentes qui les animent ainsi qu’aux motivations qui les guident.


Montes Cato Juan, Bosisio Walter, Delfini Marcelo, Picchetti Valentina, Ventrici Patricia | Atelier 11, Session C

Procesos de desindustrializacion y territorio en la ciudad de La matenza Argentinas
El proceso de reestructuración neoliberal dominó las transformaciones socio-económicas durante la década de los noventa en Latinoamérica y en algunos países como en Argentina su impacto fue profundo y desestructurador. A pesar del contexto de hegemonía neoliberal, la movilización obrera logró articular diferentes formas de resistencia y rearticulación de solidaridades tanto en los espacios productivos como por fuera de estos. Para poder dar cuenta de estos procesos de resistencia de los colectivos obreros hemos tomado como caso paradigmático lo sucedido en Argentina –en particular en un territorio empobrecido de Buenos Aires- focalizando el impacto y respuesta de los colectivos desocupados. Estos sectores fueron altamente afectados por el embate de la reestructuración y sin embargo pudieron construir formas alternativas de recomposición de lazos sociales y dar una respuesta desde el mundo del trabajo a los desafíos que el neoliberalismo los enfrentaba en el marco de las relaciones explotación situadas.

La experiencia de estas formas de organización son muestras de la vitalidad y la iniciativa de los sectores subalternos para desplegar respuestas innovadoras a los procesos de reestructuración social y económica de países periféricos.

Esta ponencia busca analizar desde una perspectiva de largo plazo los efectos de las políticas de reestructuración sobre la composición de la fuerza de trabajo en un país latinoamericano y en particular, las respuestas colectivas desarrolladas por los desocupados, en una mirada que permita reflexionar sobre las formas de lucha que llevan adelante estos sectores y el modo en que se despliegan en territorios específicos. El período analizado es 1991-2012, identificando dos sub-fases 1991-2003 y 2004-2012. Las preguntas centrales están destinadas a develar ¿cuáles fueron los modos específicos de recomposición de los colectivos de desocupados frente a la transformación de la relación capital-trabajo de las últimas dos décadas ? y ¿en qué sentido la politización de las clases subalternas en el período de hegemonía neoliberal construyó disposiciones para la acción que se materializaron en conquistas sociales y económicas en el último período de análisis ?


Moré Paloma et al. | Atelier 8, Session A

Du corps des femmes et de l’(in)visibilité des contraintes liées à leur travail
A partir d’une approche par les rapports sociaux de classe, de sexe et de « race » cette communication s’intéresse aux processus qui contribuent à rendre (in)visible certains aspects du travail des ouvrières du service aux personnes âgées ainsi que des ouvrières de l’industrie de la cosmétique et parfumerie. L’originalité de cette proposition réside dans l’interrogation concomitante sur le rapport au corps dans le travail des salariées qui se trouvent tout en bas de l’échelle de deux secteurs d’activité marqués par une forte concentration de la main-d’œuvre féminine. En partant du constat sur le rapport ambigu entre « ce qu’on attend des corps des femmes » d’une façon générale et « ce qu’on en fait » ou « ce qu’on sollicite aux corps de ces ouvrières femmes », il s’agit de confronter : d’une part, les représentations "modélisées" ou "hégémoniques" autour du corps des femmes ; et d’autre part, les expériences concrètes et réelles de ces salariées.

En nous appuyant sur des entretiens et de l’observation nous comptons revenir sur les conditions de travail telles que ces femmes les vivent et les décrivent, que ce soit en termes de port de charges, du besoin de se faire respecter, de se sentir reconnue ou encore en ce qui concerne le contact avec des matières et des déchets biologiques, agents chimiques, etc. Nous nous intéressions aussi à leur rapport au travail et leur rapport à leur corps au travail. Car il semblerait que l’(in)visibilité des contraintes auxquelles ces femmes doivent faire face au quotidien dépend des processus d’identification à un idéal de corps féminin sublimé et des processus de distanciation vis-à-vis de ce même idéal par la sollicitation réelle faite aux corps de ces ouvrières, tel que des outils de production.


Berrezaï Cécile, Moulévrier Pascale | Atelier 11, Session A

Quand servir l’intérêt général fait obstacle à la revendication salariale et à la structuration des relations professionnelles
L’adoption en 2012 de la réforme de la filière des sapeurs-pompiers professionnels (SPP) et l’application de la directive européenne d’aménagement du temps de travail induit des remaniements organisationnels des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Les modifications des modes de gestion qui en résultent font l’objet de protestations au sein de la corporation des sapeurs-pompiers, opposant les SPP indignés aux administrateurs des SDIS. Les défiances envers la hiérarchie, les grèves et sabotages des pompiers insurgés sont corrélatives d’un sentiment de dévalorisation institutionnelle de leur excellence corporelle dans l’exercice de leur métier lié notamment aux possibilités de carrière limitées et menaces de substitution de SPP par des pompiers volontaires. L’adhésion à une éthique syndicale de défense d’un « service public de qualité » reconnue de la direction des SDIS constitue une moyen d’expression des revendications corporatistes susceptibles de légitimer des actes jugés inqualifiables car dérogeant aux principes d’exemplarité et d’abnégation du pompier au service du public. Mais si les SPP disposent en tant que fonctionnaire d’un droit aux mobilisations, celles ci sont en réalité refrénées par des pompiers et acteurs publics pour lesquels la défense du « service public » ne peut troubler « l’ordre public ». L’illégitimité des revendications des pompiers interrogent alors les transformations des services d’intérêt général, leur effet sur l’éthique des pompiers et plus encore le(s) sens accordé(s) à la pratique des secours aux blessés et aux plus démunis. Cette difficile mobilisation des professionnels des secours est ici considéré comme un observatoire privilégié des processus de (dé)légitimation des revendications salariales, dans les secteurs professionnels construits sur l’engagement des travailleurs et sur leur attachement à une cause. Le cas des sapeurs-pompiers permet ainsi au-delà de ses spécificités de questionner la réalité des relations professionnelles, de leur structuration et des formes inédites qu’elles peuvent prendre sur des espaces (des marges) où se côtoient professionnels et bénévoles-amateurs, où le service rendu, le service à rendre supplantent toute velléité d’objectivation des conflits. C’est en ce sens que l’étude des organisations de travail apparentées à l’économie sociale et solidaire (et notamment celle du mouvement des salariés d’Emmaüs en 2010) viendra alors compléter les analyses principales consacrées aux sapeurs-pompiers.


Munoz Jorge | Atelier 1, Session C

Je les voyais travailler mais je ne voyais pas le travail. Faire de la prévention ou les errements entre le formel et l’informel
Dans le domaine de la prévention en santé et travail les analyses en sociologie du travail ont connu un essor remarquable ces dernières années. Les transformations des organisations du travail (Durand et Linhart (dir), 2005, Bué, Coutrot et Puech (dir), 2004), l’évolution de l’intensification du travail (Théry, Askenazy et Gollac, 2010) ou encore l’analyse des politiques de prévention (Henry, 2007 et Verdier, 2008) ont fait l’objet d’analyse. En revanche, peu sont les travaux consacrés aux professionnels de la prévention-préventeurs- (ingénieurs, médecin du travail, inspecteur du travail, etc .). En partant d’une étude en cours sur l’activité de prévention au sein des services de prévention santé au travail de deux caisses de la MSA, le présent projet propose d’interroger non pas de l’intérieur les frontières du formel et l’informel mais à partir de l’analyse effectuée par les « préventeurs ».
En effet, faire de la prévention en santé au travail passe par la compréhension du décalage entre le travail prescrit (et ses effets) et le travail réel (et ses effets). L’ensemble de ces professionnels (ici pour l’essentiel des conseillers en prévention et des médecins du travail) a été initié à l’analyse du travail et insistent lors de leurs interventions sur la distinction entre le formel et l’informel. Ils constatent le pouvoir et la richesse des actions déployées par les salariés dans le contexte du travail pour faire face aux impératifs de l’activité. Toutefois, cet engagement dans le travail, reconnu comme tel par les préventeurs, se heurte aux frontières de leurs fonctions. Comment faire de la prévention alors même que l’on ne peut pas faire reconnaître cette réalité ? Curieux paradoxe dans l’activité de prévention que passe immanquablement par une identification et une reconnaissance de deux dimensions de l’activité de travail et qu’en même temps dessine les contours de la partie la plus informelle de l’activité de prévention ?

Pour résoudre cette contradiction/tension les préventeurs développent 3 stratégies pour « protéger » les salariés. Ces 3 stratégies illustrent 3 visions de l’activité de prévention et des tensions entre le formel et l’informel. A) Codifications de la prévention : règles, rappel de normes, etc., l’intervention est faite à minima : peu de prise sur les modifications des postes ou sur l’organisation. Le résultat est que l’on limite l’intervention à un aspect (en général matériel ou formation), B) Négocier la possibilité de pouvoir « plonger » dans l’activité pour discuter à armes égales avec les salariés et les responsables. Une telle stratégie suppose une connaissance fine et détaillée de l’activité de travail. C) Plus rare, le déplacement de la question vers l’extérieur pour dénoncer les limites de leurs fonctions face à certains employeurs.

Ces stratégies élaborées par les préventeurs nous permettront dans un second temps d’interroger les frontières mais également les limites d’une approche bipolaire et situer plutôt l’analyse de l’activité (ici de prévention) comme un processus de construction négocié en continu. Dans cette perspective, les dimensions ainsi citées sont manipulées et font l’objet d’une série d’attributions (formel = rigide, informel = créativité, etc.). Nous espérons que ces éléments nous permettent de revisiter les fondements des politiques de prévention.


Navigation

Nos partenaires


1 site référencé dans ce secteur

Statistiques

Dernière mise à jour

vendredi 27 juin 2014

Publication

38 Articles
Aucun album photo
Aucune brève
10 Sites Web
2 Auteurs

Visites

0 aujourd'hui
0 hier
70320 depuis le début
2 visiteurs actuellement connectés