Q - R

lundi 10 février 2014
par  Fleuriel Sébastien
popularité : 94%

A | B | C | D | E - F | G - H - I | J - K | L | M | N | O - P | Q - R | S | T - U | V | W - X - Y - Z


Queiroz | Quernez | Racine | Rakoto-Raharimanana | Ramírez | Reniaud | Rey | Riedel | Riesco | Rius | Rolle | Rosa | Rosa Bonheur (collectif) | Roux | Ruffier | Rumpala |


Queiroz Allan Souza, Plancherel Alice Anabuki | Atelier 5, Session C

Travail salarié des coupeurs de canne à sucre dans le Nord-est du Brésil : visibilités et invisibilités
Cette communication analyse la dynamique actuelle du travail salarié dans l’agro-industrie du sucre dans le nord-est du Brésil, plus particulièrement dans la région de Alagoas. La production de sucre, dans l’Alagoas, repose sur la récolte manuelle de la canne à sucre. L’article vise à analyser les effets de la restructuration récente de la production de sucre sur la reconfiguration du marché du travail. A partir des années 1990, on assiste en effet à un processus de formalisation de l’emploi des coupeurs. Pourtant, nos recherches empiriques récentes (2012-2013) révèlent une configuration dans laquelle une quantité significative de coupeurs jusqu’alors soustraits au regard des sociologues, est constituée de travailleurs informels employés dans les plantations des fournisseurs de canne à sucre. En ce sens, l’analyse souligne la complexité et l’hétérogénéité du travail dans cet univers professionnel, hétérogénéité qui tend à se renforcer sous l’effet du processus de mécanisation de la récolte de canne à sucre. Le point commun entre les salariés formellement embauchés (les fichados) et les travailleurs au noir (les clandestinos) réside dans la diversité des formes d’embauche flexibles (travail intermittent), dans la précarisation et l’intensification d’un travail soumis à des exigences variables de productivité qui déterminent la rémunération salariale. Si le travail formel se présente comme un univers visiblement jeune et masculin, dans un secteur informel jusqu’alors ignoré par l’État lui-même, ses organes compétents en matière de travail et de protection sociale, et la représentation de classe (les syndicat de travailleurs), les variables de genre et de génération sont sans effet, ce qui donne lieu à un marché spécifique dont cette recherche rend compte. Nous analysons ainsi la coexistence de formes contemporaines et traditionnelles dans l’univers du travail de la récolte de canne à sucre.


Quernez Emmanuel | Atelier 9, Session A

Aux marges de l’emploi, aux marges du droit ? L’expérience de la discrimination raciale et du recours judiciaire par les salariés peu qualifiés en France
La communication présente les résultats d’une enquête par entretiens et observations non-participantes auprès de 80 salariés précaires ou peu qualifiés de la région parisienne (France) ayant effectué un recours judiciaire pour discrimination raciale dans le cadre de leur travail.
Les salariés peu qualifiés appartenant aux minorités « visibles » expérimentent une forme spécifique de relégation au travail. Relativement peu protégés par une compétence ou un contrat statutaire, ils constituent d’abord une main d’œuvre aisément remplaçable, soumise à la compétition d’une offre de travail supérieure à la demande sur ces secteurs du marché du travail, qu’il s’agisse du tertiaire ou de la sous-traitance du secteur secondaire. Cette position les expose également à un risque discriminatoire élevé, alimenté à la fois par une discrimination de rejet, fonction des préjugés dégradants de la hiérarchie et des collègues, et par une discrimination d’éviction. Cette dernière cible les salariés issus de l’immigration en raison d’une supposée moindre valeur managériale et d’une supposée distance culturelle trop importante vis-à-vis des codes et normes de l’entreprise. Ces salariés sont alors les premières victimes des ajustements d’effectifs et des plans de restructuration du personnel. Dans les deux cas, la différence raciale devient souvent l’objet d’un harcèlement moral qui n’a d’autre fonction que d’amener le salarié à quitter l’entreprise lui-même par la voie de la démission.
Cette domination est encore accentuée par le difficile accès au droit qui caractérise ces salariés. Faible encadrement syndical, absence de ressources juridiques propres ou familiales et réticences face à la procédure judiciaire écrite expliquent notamment cette incapacité juridique et la relative impunité dans laquelle se perpétuent les discriminations raciales en France.
Cette analyse du cumul des effets imbriqués de la relégation sociale, de l’assignation raciale et de l’incapacité juridique brosse un portrait bien sombre de la condition des travailleurs peu qualifiés issus de l’immigration en butte aux discriminations raciales. L’analyse s’attardera toutefois tout particulièrement sur les carrières morales et judiciaires de salariés ayant fait prévaloir avec succès leurs droits dans l’arène judiciaire.


Racine Florent | Atelier 2, Session B

Le temps des cadres des services : le travail invisible d’actualisation des compétences
Cette communication aborde la question du travail invisible d’actualisation des compétences. La voie théorique choisie est celle capitalisme cognitif (Azaïs, Corsani, Dieuaide, 2001) et des zones grises de l’emploi (Cristofalo, 2013).
Ce thème constitue une partie d’une thèse, à ses débuts, qui porte sur les connaissances des cadres des services et leur récupération par l’employeur.

Le développement parallèle des services, des TIC, des emplois cognitifs et du modèle de compétence a brouillé les frontières temporelles et spatiales de la relation d’emploi fordiste et a donné lieu à l’émergence d’une « zone grise » où le travailleur cognitif travaille en dehors des murs de son employeur sans être rémunéré.
Cette « zone grise » est bipartite : les travailleurs cognitifs travaillent directement ou indirectement pour leur employeur durant leur « temps libre ». Le travail indirect, celui qui nous intéresse, concerne les pratiques culturelles riches en connaissances et les TIC, dont les cadres sont les plus gros consommateurs.
Nous adapterons la dichotomie entre « vie rémunérée » et « vie non rémunérée » de Fumagalli (2001), trop générale, en classant dans un tableau les temps de travail selon trois critères : la rémunération, le lieu, le caractère direct ou indirect ; dans le but d’offrir une grille de lecture des temps de travail et de préciser les contours de cette « zone grise ».


Rakoto-Raharimanana Herilalaina, Monin Noëlle | Atelier 7, Session B

Reconversion, bifurcation ou réorientation professionnelle ? Quand le travail est au centre de la marge.
Les changements dans le travail depuis quelques décennies, tels que Robert Castel les pointe, et leurs conséquences sur l’inactivité et plus largement le chômage s’imposent à l’attention politique, médiatique et sociétale. La reconversion professionnelle en tant qu’elle peut générer une période d’inactivité ou d’activité non rémunérée est plus rarement perçue comme une phase active dans un parcours biographique, phase de transition qui interroge la place et le sens donné au travail aujourd’hui. Si la reconversion professionnelle peut – dans certains cas – se penser à partir de cette relation « centre-marge », la question se pose de savoir pourquoi s’oblige-t-on à changer de v(o)ie en se lançant dans une telle entreprise ? Le changement qui s’opère dans le cadre d’une reconversion professionnelle s’accompagne en effet d’une décentration non seulement professionnelle mais aussi personnelle.
A partir d’un corpus constitué d’entretiens approfondis menés en 2012 et en 2013 auprès d’une population qui a renoncé à leur emploi, nous nous intéresserons à la place qu’occupe le travail dans les parcours biographiques.
Notre communication vise ainsi à interroger les dynamiques qui sous-tendent la reconversion professionnelle des personnes ayant eu une expérience de plusieurs années dans un métier et une profession donnés. Ces personnes diplômées en reconversion – qui sont plutôt dans la posture de l’ « exit » que celle du « voice » si l’on reprend la distinction proposée par Albert O. Hirschman – ont opté pour un changement de voie professionnelle dont il nous faudra interroger le statut : s’agit-il d’une reconversion, d’une bifurcation ou d’une réorientation dans un parcours ? Le choix d’embrasser la carrière de professeur des écoles est en effet à resituer plus largement dans le rapport de ces dernières à leur travail, aux attentes qui les animent ainsi qu’aux motivations qui les guident.


Ramírez Melgarejo J. Antonio | Atelier 5, Session C

Experiencias de trabajo, estrategias de vida economica y representaciones colectivas de la clases populares en un enclave productivo agricola de sur de Europa, la Vega media del Segura (Murcia)
Cette communication [ 1 ] pose des questions sur l’avenir des classes populaires dans le contexte actuel de crise et le chômage de masse dans les régions du sud de l’Europe , avec une attention à leur expérience de travail , les stratégies de la vie économique et leurs représentations collectives la dans l’orientation de leurs positions ( pour le monde ) , c’est l’économie morale de ce qui se passe dans la phase actuelle de recomposition politique , économique et territoriale . A cet effet, un de recherche empirique sur un territoire paradigmatique de la ruralité du côté méditerranéenne espagnole dynamique précoce ( début du XXe siècle ) spécialisée dans un fruit de l’orientation productive et exportateur d’adresses commerciales . La société locale a été intégré dans le modèle agro-exportateur fournir le travail salarié ( manoeuvres , entrepôt manipulé ) ou formules métayage , bail, etc . Les vagues successives de l’intensification de l’industrialisation / urbanisation , des décennies 60-70 jusqu’à ce que le dernier cycle expansionniste , ont considérablement augmenté la demande de travail dans les secteurs non - agricoles . Par conséquent , certains des hommes affiché un processus de mobilité professionnelle dans de nouveaux marchés du travail dans les secteurs émergents tels que la construction ou regentando petits établissements comme les bars et les magasins . Alors que la plupart des femmes ont gardé leur travail saisonnier dans le secteur agricole, principalement dans les magasins d’emballage , avec qui a obtenu un revenu supplémentaire pour le mari , le profil illustrant famille prototypique liée à la création d’un centre de fruits travaux féminisée pour l’agro-industrie . Une plus faible proportion de femmes a demandé une nouvelle niche dans le commerce et le secteur des services ( de coiffure , petits commerces , administration ... ) .
Notre hypothèse principale est que à partir de 2008 , avec l’avènement de la crise mondiale , les fissures du travail et de l’organisation sociale en raison de la destruction des emplois , en particulier dans les secteurs non - agricoles . En conséquence du chômage de masse , de plus en plus la vulnérabilité sociale et la perte de statut , d’intensifier et compliquer les stratégies de subsistance , accroît la concurrence par l’emploi intra , les conditions de travail précaires sont répandues , les femmes de revenus temporaires deviennent dans la principale ( et maigre ) source de revenus pour de nombreuses familles formelle . Par conséquent devient fluide et brouille la frontière entre les marges et le centre du travail et de l’emploi , de l’exploitation et accentuant non-durabilité .


Riedel Marc, Reniaud Christophe | Atelier 3, Session A

Le volontariat sapeur-pompier, un hybride insaisissable ?
Dans leur grande majorité, les sapeurs-pompiers (SP) français exercent leur activité au sein des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS), jeunes institutions créées à la fin des années 1990. Les SDIS autorisent aux SP deux types de contractualisation que sont le salariat et le volontariat. Ce dernier ne relevant ni du salariat, ni du bénévolat, reste opaque au regard du profane. Les SDIS endurent de plus deux cultures discordantes : une culture administrative bureaucratique et une culture opérationnelle. Si la première est habituellement étudiée en sociologie, la seconde est plus impénétrable. La mobilisation physique et affective liée aux interventions y influe sur les attentes, les modes de représentation, de décision, de dialogue des SP opérationnels, qu’ils soient professionnels ou volontaires. Profondément incorporée, elle reste peu théorisée ou verbalisée par les SP, ajoutant à l’opacité du phénomène.
Les SP volontaires cumulent ces avantages et contraintes de la profession en plus de ceux de leur travail régulier. L’ensemble des efforts qu’ils déploient pour maintenir leur liberté de passage à la croisée des mondes développe chez eux une sensibilité aux décisions non pertinentes les concernant ou ne donnant pas le change en matière d’efforts accomplis en retour.
L’occultation de toutes ces spécificités semble profiter à l’aggravation, au sein des institutions SP, de ce qui est dénoncé aujourd’hui comme une « crise de l’engagement » et une « montée de l’individualisme ». Une recherche-action lewinienne menée par nos soins pendant 7 années consécutives au sein du SDIS 71, tendrait plutôt à montrer que cette crise serait celle des institutions de tutelles, devenues incapables de sortir des référentiels et représentation liées aux problématiques du salariat, et de prendre en compte la complexité et la spécificité de cette activité hybride.


Rey Frédéric | Atelier 11, Session C

« Glisser » du salariat au patronat : réflexions sur l’indépendance et la question syndicale à partir des parcours de dirigeants de TPE
La communication s’intéresse aux actions syndicales en direction des salariés des très petites entreprises. Contrairement aux salariés des plus grandes entreprises qui bénéficient de droits collectifs et pour lesquels le syndicalisme est bien outillé, les salariés des TPE évoluent dans un univers social très peu formalisé. La communication cherche d’abord à comprendre les valeurs des dirigeants et notamment leur rapport à l’indépendance, en posant comme hypothèse que l’une des clés de compréhension des difficultés des organisations syndicales à se rapprocher des TPE se trouve à ce niveau. A partir des récits d’expériences de 9 dirigeants, complétés par les interviews de responsables patronaux et syndicaux, la communication met alors en lumière les motivations à l’entrepreneuriat de salariés qui ont créé ou repris leur entreprise. Elle aborde leurs rapports à l’indépendance et leurs représentations du salariat. Il apparaît que les transitions sont vécues sur le mode de la continuité et qu’une rupture apparaît plus tardivement et progressivement à mesure qu’une identité d’indépendant se construit chez le dirigeant. Il apparaît également que les dirigeants interrogés ont des rapports ambivalents au salariat et à l’indépendance. Ces éléments permettent de voir les TPE comme des espaces patronaux protégés, liés à la thématique de l’entrepreneuriat et aux valeurs de liberté et d’indépendance. Ils permettent alors de mieux comprendre certains des freins qu’oppose le patronat au développement syndical dans les très petites entreprises, et d’aborder les réponses élaborées par les organisations syndicales pour représenter et défendre « malgré tout » ces salariés éloignés du fait syndical.


Célérier Sylvie, Riesco Alberto, Rolle Pierre | Atelier 5, Session A

La subordination fait-elle le travailleur ?
Nous nous intéressons à la variété des emplois qui, aux marges des situations de travail salariées, combinent des parts variables de subordination et d’indépendance. Si ces emplois restent minoritaires en France comme dans les pays européens, ils progressent néanmoins en diversifant les statuts et ils sont partout en Europe l’objet de mise en formes juridiques et réglementaires. Le statut d’auto-entrepreneur ouvert en France depuis le 1er janvier 2009 en donne un exemple, bien modeste cependant si on le rapporte au Statut de travailleur indépendant que le gouvernement espagnol a instauré en 2007 qui reste à ce jour la formalisation européenne la plus achevée. Ces transformations récentes doivent à un mélange de politiques opportunistes de lutte contre le chômage et de discours idéologiques assimilant liberté et créativité que l’on retrouve partout en Europe.
Comment comprendre ces mouvements où le statut des emplois se trouve engagé ? Doit-on les voir – comme la sociologie du travail y invite souvent – comme un nouveau signe d’effritement du salariat et des protections qu’il permet ou montrent-ils, au contraire, le dynamisme de ce dernier ? Retenant ce second point de vue, nous montrerons que le mouvement en cours ne peut que partiellement se lire comme une fragmentation des situations de travail. Un autre versant doit être considéré où se voit un puissant mécanisme de rapprochement, pour autant que l’on dépasse les modalités de réalisation directe du travail et que l’on intègre la constitution des droits, les mutualisations des risques, bref l’ensemble des instances qui composent et animent le salariat.
Les « agencements d’activités » que ce double mécanisme de fragmentation et d’extension du salariat installe pose bien des questions et interroge aussi la place historique que, derrière le contrat de travail salarié, les entreprises ont jusqu’alors tenue dans le déploiement du capitalisme. Quels modes d’association des travailleurs aux opérations productives se dessinent-ils derrière l’incontestable déclin de la forme entreprise ?


Rius Pía | Atelier 1, Session B

Autogestion consommation et modes de vie dans le mouvement des piqueteros en Argentine
En Argentina des organisations des travailleurs connus sous les nom de piqueteros (MTD –Movimiento de Trabajadores Desocupados) ont mis en œuvre diverses activités articulées à des modes de production, d’autogestion ainsi que des pratiques de consommation. Les groupes étudiés ici se sont constitués à partir de 2002 alors que la distribution de diverses allocations par l’Etat national était généralisée. Ces MTD pourraient se rapprocher à des ONG en ce qu’ils gèrent des allocations publiques mais ils s’en distinguent car ce sont les propres « bénéficiaires » qui prennent en charge leur gestion, ce qui est considéré comme un travail.
Des lors que des activités à caractère alimentaire, sont considérées comme un « travail », peut-on observer une plus grande formalisation des activités concernés ? est-il toujours pertinent de continuer à les référer au travail domestique et à l’espace privé ? quels tensions voit-on émerger à partir de ces évolutions dans les pratiques ? quel rapport au travail permettent –elles de développer ? En analysant l’investissement au quotidien dans les cantines populaires et les discussions sur les usages qui sont fait des ressources obtenues et produites par le collectif, la vie quotidienne au sein de ces espaces permet de penser une forme d’appartenance citoyenne à travers la consommation. « Manger à la cantine » et « bien manger », apparaissent comme des activités moralement investies par les groupes. Cette normativité nous permettra d’explorer des productions et consommations qui introduisent des glissements dans la manière de considérer certaines pratiques (comme la consommation d’alcool) pour lesquelles les groupes prennent distance des discours moralisateurs habituels. Cette communication s’appuiera sur des données produites à partir de plusieurs terrains ethnographiques réalisées entre 2003 et 2007 et revisités en 2013, ce qui permet d’observer cette normativité dans la durée. Nous tenterons de la saisir comme des modes de vie critiques.


Cirelli Claudia , Rosa Elisabetta | Atelier 9, Session C

Le travail de récupération des déchets comme rapport à la ville : entre marginalité et intégration
Une importante littérature fait état des activités de récupération des déchets dans les villes de pays « dits du Sud » montrant comment celles-ci assurent des emplois et des revenus à des populations qui se situent aux marges du marché du travail et, souvent, aux marges de la société. Cependant, les activités de récupération et recyclage ne sont pas l’apanage des travailleurs de ces pays et, dans les pays industrialisés, elles constituent également des sources de revenu. Depuis longtemps des individus fouillent les dépotoirs ou les poubelles à la recherche de matières qu’ils peuvent revendre ou recycler. Néanmoins on observe un paradoxe : si la récupération transforme le déchet en ressource grâce à l’extraction de matériaux de valeur, ceux qui côtoient les déchets sont toujours porteurs d’un stigmate.
Dans nos sociétés urbaines, parmi les groupes qui se livrent à cette activité, on retrouve également certains membres des populations Rom, migrantes des pays de l’Europe de l’est, notamment de la Roumanie, vers les villes de l’Europe Occidentale. Ces populations sont reléguées habituellement sur des espaces urbains en transition ou abandonnés, souvent à proximité de lieux utilisés comme dépotoirs. A partir du cas de la ville de Turin, en Italie, et d’une recherche de terrain sur les modalités de réalisation de cette activité ainsi que sur les relations à la ville des populations Rom, cette contribution propose d’analyser le travail de récupération des déchets non seulement comme une activité économique inscrite dans l’informalité mais également comme un marqueur de précarité sociale et spatiale. En effet, l’espace de vie des groupes Rom est également qualifié par la présence de déchets, issus en partie de leur activité de récupération. De plus, à Turin les politiques d’intégration par l’attribution de logements font de la propreté des espaces communs une épreuve permettant d’accéder aux programmes institutionnels. Entre pratiques professionnelles, formes de « résistance ordinaire » et stigmate, cette communication analysera la place de ce travail de récuperation dans la relation à la ville des populations Rom.


Rosa Bonheur (collectif) | Atelier 5, Session C

Les garages à ciel ouvert : dynamiques sociale et de valorisation du capital des classes populaires dans un territoire désindustrialisé
Dans cette communication, nous présentons des résultats intermédiaires d’une enquête collective portant sur l’organisation de la vie quotidienne des classes populaires dans une ville désindustrialisée, Roubaix, qui connaît depuis plusieurs décennies un déclin urbain et un reflux des anciennes dynamiques de valorisation du capital. C’est lors de nos premières observations dans la rue que nous avons saisi l’importance de la mécanique automobile autour de laquelle s’organise la vie sociale des hommes de certains quartiers. Cette activité, rendue possible par une série d’arrangements locaux (avec les femmes, les autorités, les concessionnaires officiels, etc.) permet de comprendre comment un système économique s’est mis en place, porté par des dynamiques de production, de distribution et d’échange selon une logique de subsistance. Sur ce territoire à l’écart des flux d’accumulation du capital, les mécaniciens de rue et les petits garagistes, pour une part issus de la classe ouvrière, entretiennent des liens de solidarité et de coopération, des formes de contrôle et de hiérarchisations professionnelles qui garantissent le renouvellement de l’activité économique sur place. La mécanique s’inscrit ainsi dans des circuits informels en partie autonomisés mais jamais déconnectés de l’économie formelle du secteur automobile. Elle se structure à partir d’autres logiques de valorisation qui permettent de discuter du concept « d’économie morale ».
Au-delà des significations variées de la mécanique pour caractériser les rapports sociaux au quotidien, nous explorerons les relations entre formalité et informalité par une analyse des dynamiques qui structurent le secteur de la mécanique (réputation, détermination de la valeur du travail, requalification technique et sociale, possibilités de carrières), mais aussi des dynamiques qui créent des fragmentations du marché et qui contribuent à stratifier les classes populaires (division sexuelle et raciale du travail, qualifications formelles, etc.).
Pour finir, nous chercherons à inscrire le secteur de la mécanique dans une analyse plus large des transformations qui ont lieu à l’échelle territoriale (économie morale, parenté et division sexuelle du travail, « centralité populaire » de territoires considérés comme périphériques).


Roux Nicolas| Atelier 7, Session C

Travailler et se projeter aux « marges » de la norme d’emploi mais au « centre » du salariat agricole. Trajectoires d’emploi discontinu et pratiques de saisonniers du Languedoc-Roussillon
Le salariat agricole est depuis longtemps constitué de figures salariales correspondant à une division du travail au sein des exploitations. A côté des salariés permanents (embauchés en CDI), les salariés saisonniers permettent à l’employeur de disposer d’une variable d’ajustement aux contraintes liées à l’activité et à la main d’œuvre. Les CDD saisonniers représentent 89% des CDD conclus dans le secteur agricole et leur proportion augmente depuis 2002 (Insee, septembre 2011).
Il ressort de notre enquête longitudinale (entretiens biographiques et semi-directifs) que s’ils sont à la marge de la norme d’emploi du point de vue du contrat de travail, les saisonniers sont au centre de l’organisation du travail agricole – environ la moitié de l’effectif des équipes de saisonniers est stable et renouvelé chaque année. De ce résultat en découlent deux autres, que notre communication développera :
- si recourir aux saisons résulte le plus souvent d’un « choix par défaut » (insertion difficile sur le marché du travail, rupture biographique), tous les saisonniers ne sont pas passagers. Certains parviennent à trouver une stabilité par-delà la discontinuité de l’emploi grâce à des ressources individuelles et sociales (capital d’autochtonie, polyvalence et disponibilité temporelle), mais au prix d’un équilibre à la fois long à construire et fragile.
- au vu des conditions de travail (pénibilité physique), d’emploi (revenus, retraite) et de l’absence d’évolution professionnelle, les plus jeunes y voient le plus souvent une étape transitoire à l’emploi stable ou au travail indépendant – à l’instar de l’intérim de transition de C. Faure-Guichard (2005). Ceux qui s’installent dans cette forme d’emploi sont donc plus âgés et, soit n’éprouvent d’autre aspiration professionnelle et sociale à celle de saisonnier, soit apprécient et privilégient la vie hors-travail et l’attachement au territoire.


Assia Ziati, Ruffier Clément | Atelier 10, Session A

Enjeux et difficultés d’une action sur les conditions de travail des salariés de sous-traitant
On assiste depuis les années 1970 et 1980 à un fort développement du recours à la sous-traitance. Or, cette forme d’organisation de la production n’est pas neutre du point de vue des conditions de travail. De nombreuses recherches ont ainsi mis en avant les risques liés à la sous-traitance : risques professionnels accentués , intensification du travail , fragilisation des collectifs ou encore précarisation socio-économique . La sous-traitance, comme les « formes d’emploi atypiques », instaure une relation d’emploi triangulaire qui vient renforcer la tension entre les salariés du « centre » et ceux de la « périphérie » .
Les modalités de régulation actuelles des conditions de travail, que ce soit le droit du travail ou les relations professionnelles, sont peu adaptées à ces relations triangulaires. Il est ainsi particulièrement difficile de recréer une mobilisation collective en raison de la « dissémination de la conflictualité » qui les caractérise et on connaît la difficulté des organisations syndicales à s’en saisir.
La communication s’appuiera sur une recherche action centrée sur ces enjeux dans un centre d’appel. Le but de cette démarche était d’améliorer les conditions de travail des télé-conseillers et de leur encadrement qui subissent un phénomène de « délégation du travail d’organisation » au sein de cette entreprise mais également entre celle-ci et son donneur d’ordre.
Le but de la recherche action était de créer un processus de « régulation conjointe » entre le donneur d’ordre, la direction du centre d’appel, ses salariés et leurs représentants pour traiter de ces questions de conditions de travail. La communication insistera sur l’intérêt de cette démarche mais également sur ces limites, principalement liées au refus des acteurs de mettre en discussion les « indicateurs prégnants » définis dans le contrat alors même qu’ils contraignent le fonctionnement de l’ensemble de l’organisation.


Rumpala Yannick | Atelier 9, Session D

Potentialités de la « production entre pairs sur la base de communs » et implications sur les formes et expériences du travail
Si les pratiques en « peer to peer » font couramment penser aux échanges et aux partages de fichiers informatiques, il est possible de considérer (et même de plus en plus) qu’elles ne s’y réduisent pas. De fait, elles semblent en expansion dans d’autres domaines. Elles sont par exemple en train de servir de bases à des initiatives dans les domaines des transports (covoiturage), de la production énergétique (sous forme de projets coopératifs) et de la production alimentaire (du partage des semences au partage des produits).
Ces pratiques peuvent représenter des modalités renouvelées de coordination et de coopération entre de nombreux acteurs, sans être de surcroît forcément confinées dans des registres informels. Des formes de travail s’accomplissent ainsi sans recherche de rémunération financière, sans rapport hiérarchique et salarial. Elles permettent de déboucher sur des formes de productions qui semblent parvenir à se maintenir sur la durée et pour lesquelles des tentatives de qualification ont commencé à être proposées. Yochai Benkler parle par exemple de « production entre pairs sur la base de communs » (« commons based peer production »).
Cette forme a surtout été étudiée pour des productions immatérielles (logiciels libres, encyclopédies collaboratives, etc.) et peu pour des productions plus matérielles. Cette contribution vise donc à explorer les potentialités, notamment en termes de rapport au travail, que cette production par les pairs peut avoir sur des aspects plus matériels des activités humaines. Cette dernière peut en effet représenter une autre manière d’envisager les besoins et les moyens de les satisfaire, en l’occurrence sans passer par le médium monétaire et par l’appropriation. Ces productions ne sont pas destinées à être mises sur un marché. Avec ces pratiques, c’est même le sens du travail qui peut changer.
Des auteurs comme le philosophe Bernard Stiegler annoncent et décrivent l’émergence d’une « économie de la contribution ». Ce dernier parle aussi de « déprolétarisation » pour essayer de signaler « une nouvelle organisation du travail et une nouvelle économie du travail ». Si cette « production entre pairs sur la base de communs » laisse effectivement entrevoir des potentialités, il semble utile de mettre à l’épreuve ce genre d’hypothèse en la traitant sous une forme plus sociologique, s’agissant à la fois de ses tenants et de ses aboutissants.
L’analyse sera organisée à partir de trois angles complémentaires : celui des modalités d’investissement personnel et des cadres de relations, celui des conditions de coordination et d’organisation, et celui des débouchés.
Il s’agira d’abord de saisir par quelles voies des subjectivités peuvent s’investir dans cette « production entre pairs sur la base de communs ». Les activités correspondantes semblent plus propices à donner le sentiment que le travail réalisé a une utilité sociale et peut bénéficier d’une reconnaissance. Dans quelle mesure ces pratiques peuvent-elles alors modifier le rapport au travail ? Ces activités contribuent aussi à reconfigurer des relations. Elles sont une manière de renégocier pratiquement les réseaux dans lesquels s’insère la vie courante.
Mais la convergence de ces activités et l’organisation de ces relations ne vont pas de soi. Comment des coordinations sont-elles possibles, a fortiori pour pouvoir être maintenues dans le temps ? Dans cette forme de production, les agencements collectifs semblent fluctuants et s’ils reposent sur une organisation, celle-ci s’avère plutôt souple (mais pas pour autant dénuée d’efficacité). Les dynamiques communautaires peuvent jouer un rôle important. Pour autant, dans quelle mesure peut-on parler de répartition des tâches ?
Les débouchés semblent au surplus plus difficiles à qualifier avec les catégories habituelles. Dans quelle mesure ces formes non-conventionnelles de travail peuvent-elles contribuer à l’émergence d’un mode de production aux caractéristiques originales voire nouvelles ? Comment ces initiatives travaillent-elles à rendre accessibles de nouvelles ressources ? Ce mode de production peut-il trouver une pérennité, s’agissant notamment de la disponibilité des contributeurs potentiels ?
L’étude se fera à partir de collaborations en peer-to-peer qui ont aussi commencé à permettre de développer des projets de machines et d’équipements, comme le projet d’imprimante 3D RepRap qui s’est développé sur des bases contributives, et des initiatives en matière de production alimentaire, comme les « Incroyables Comestibles ».


Nos partenaires


1 site référencé dans ce secteur

Statistiques

Dernière mise à jour

vendredi 27 juin 2014

Publication

38 Articles
Aucun album photo
Aucune brève
10 Sites Web
2 Auteurs

Visites

0 aujourd'hui
0 hier
70320 depuis le début
2 visiteurs actuellement connectés